Un post du Forum Catholique apporte d’intéressantes précisions sur le versant “ressources humaines” du diocèse de Guyane, en faillite, et dont les relations avec la collectivité ne sont pas régies par la loi de 1905, mais une ordonnance de 1828.
“Entre autre, le diocèse “paie” aujourd’hui la munificence de Mgr Lafont avec l’argent des autres qui a décidé de faire payer par le diocèse les prêtres qui l’étaient par la collectivité, en vertu d’un texte de 1828.
Ladite collectivité a suspendu unilatéralement les paiements (1500€/prêtre) en 2014 mais s’est faite renvoyer dans ses buts par le Conseil d’état en 2017 [et définitivement par la justice en 2018]. Avant 2014 26 prêtres étaient payés par la collectivité, ils ne sont plus que 10 aujourd’hui.
En effet, la Guyane est toujours régie par une ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828 posant le principe de la rémunération des prêtres catholiques par la collectivité publique. Par une loi des finances du 13 avril 1900, le parlement avait, par la suite, transféré cette charge financière au budget de la colonie devenu département de la Guyane en 1946, puis à la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), fruit de la fusion de la région et du département fin 2015.
La loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État a été étendue par un décret d’application à la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion en février 1911, mais pas en Guyane. En mai 2014, le conseil général avait cessé unilatéralement de payer les 1 500 € mensuels qui constituent le traitement des prêtres catholiques du département payés comme des fonctionnaires de catégorie C.
Huit mois plus tard, le tribunal administratif de Cayenne donnait raison aux 26 prêtres dont la rémunération avait été suspendue en mai par le conseil général. Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, s’était dit toutefois prêt à négocier la sortie de ce privilège, un héritage de la Restauration ne correspondant plus, selon lui, à la nouvelle société guyanaise.
De fait, depuis 2016, un accord tacite entre Rodolphe Alexandre, président (Divers gauche) de la CTG, et Mgr Lafont concrétise une diminution progressive du nombre de prêtres à la charge de la collectivité : les successeurs des prêtres qui quittent leur paroisse ne sont plus rémunérés par la CTG. « Aujourd’hui, 13 prêtres sur 43 sont encore rémunérés par la CTG, les 30 autres étant à la charge du diocèse. Les dons des chrétiens aident largement à cela », a expliqué Mgr Lafont à l’AFP.
Le nouvel évêque, pour redresser les finances de son diocèse amoindries par son prédécesseur, a une ressource plus simple que de “se séparer” de personnels administratifs ou de prêtres – la loi, rien que la loi. L’accord “tacite” entre son prédécesseur et le président divers gauche de la CTG est en effet contraire à la loi.