Dans l’éditorial de la Lettre aux amis de Sainte Marie de La Garde (n°40, Mars 2022), Dom Marc Guyot, abbé de l’abbaye Sainte-Marie de La Garde, évoque les 30 ans du catéchisme de l’Eglise Catholique publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II.
1992-2022 : 30 ANS DÉJÀ !
Bien chers amis,
Saint Irénée, deuxième évêque de Lyon et mort à la fin du II e siècle, écrivait en traits de lumière : « La foi que nous avons reçue de l’Église, nous la conservons avec soin, parce que sous l’action de l’Esprit de Dieu, celle-ci, comme un dépôt de grande valeur, renfermé dans un vase précieux, rajeunit continûment et fait également rajeunir le vase qui le contient ». À travers ces lignes anciennes et pourtant si actuelles, le Docteur de l’Église semble nous lancer aujourd’hui comme un vif encouragement : étreignez donc – dit-il –, par la connaissance et l’amour, l’irremplaçable trésor de la foi chrétienne pour en vivre et en témoigner sans cesse autour de vous ! Mais comment nous y prendre pour raviver en nous la vraie foi, la garder et la défendre avec soin, la propager auprès de tous nos
contemporains ? Presque instantanément, une réponse me vient à l’esprit. Reprenons en mains et à bras le cœur, comme un instrument fondamental d’éducation à la foi, le Catéchisme de l’Église catholique. D’autant que nous fêtons cette année le 30 e anniversaire de sa publication par Jean-Paul II. Le saint pape, en octroyant ce don inestimable non seulement à tous les pasteurs mais encore à tous les fidèles, y ajoutait un souhait particulier : « Puisse la lumière de la vraie foi délivrer l’humanité de l’ignorance et de l’esclavage du péché pour la conduire à la seule liberté digne de ce nom : celle de la vie en Jésus-Christ sous la conduite de l’Esprit-Saint, ici-bas et dans le Royaume des cieux, dans la plénitude du bonheur de la vision de Dieu face à face. » Rien de moins !
Quant à la richesse contenue dans le Catéchisme, Benoît XVI, avec son lumineux esprit de synthèse, la résumait ainsi : « Celui-ci présente le Christ professé en tant que Fils unique du Père, comme parfait Révélateur de la vérité de Dieu et comme Sauveur définitif du monde ; le Christ célébré dans les sacrements, comme source et soutien de la vie de l’Église ; le Christ écouté et suivi dans l’obéissance à ses commandements, comme source de l’existence nouvelle dans la charité et dans la concorde ; le Christ imité dans la prière, comme modèle et maître de notre attitude de prière à l’égard du Père. » Au fond, tout est ici ramené au centre vital de notre existence, la Personne du Christ-Seigneur. Face à la beauté et l’insondable richesse de Jésus, nous ne pouvons qu’éprouver l’irrépressible désir de le connaître, de le contempler, de nous en émerveiller et de le clamer à qui veut bien l’entendre.
Ceci dit, permettez-moi un conseil. Seule une lecture du Catéchisme lente et attentive, suivie et intégrale, persévérante et sous-tendue par la prière, nous donnera une entrée dans le grand « panorama » de la foi. Quelle joie profonde de l’intelligence et du cœur en savourant alors, page après page, les innombrables citations de la Bible, de la Tradition occidentale et orientale de l’Église, des Pères,
du Magistère, de la vie et des écrits des saints ! Se dégage une sorte d’enchantement lorsqu’on redécouvre le lien étroit qui existe entre ce qu’il nous faut croire, célébrer, faire passer en bonnes œuvres. Bien plus, bien mieux, quel apaisement et contentement de l’âme en lisant par exemple, au numéro 25 : « Toute la finalité de la doctrine et de l’enseignement doit être placée dans l’amour qui ne finit
pas. Car on peut bien exposer ce qu’il faut croire, espérer ou faire ; mais surtout on doit toujours faire apparaître l’Amour de Notre Seigneur afin que chacun comprenne que tout acte de vertu parfaitement chrétien n’a pas d’autre origine que l’Amour et pas d’autre terme que l’Amour. »
S’il me fallait récapituler les trois grandes qualités de ce Catéchisme, je dirais volontiers : instruire, plaire et toucher. Il éclaire avec sûreté et autorité l’intelligence de la foi, il réjouit l’esprit par l’enchâssement de ses si belles citations, il touche le cœur et l’entraîne sur le vertueux chemin qui mène à Dieu.
Un dernier mot. Devant la longueur de ce livre, nous chercherons peut-être à nous dédouaner intérieurement : «Trop volumineux pour moi ! » À cette objection bien compréhensible, la réflexion amusée de saint Augustin évoquant l’un de ses ouvrages peut être dissuasive : « Ce livre s’est étendu plus loin que je ne voulais et plus que je n’avais pensé. Or, il n’est pas long pour celui qui le lit ou
l’entend avec plaisir, et si on le trouve long, qu’on le lise à plusieurs reprises, pour en avoir connaissance. Mais qui ne tient pas à le connaître, ne doit point se plaindre de sa longueur… »
Trop volumineux le Catéchisme ? Bonne et sainte lecture à tous !
Fr Marc, abbé
Abbaye Sainte Marie de La Garde (Saint-Pierre de Clairac, 47)