Ouest-France, en ligne ce 2 décembre et dans l’édition papier du 3 décembre, Nantes Métropole, revient sur des tags survenus aux abords immédiats de la maison diocésaine qui mettent en cause Mgr Percerou, évêque de Nantes, accusé de couvrir une affaire de viols dans un lycée catholique de la ville. Avec ses 12 réunions pour demander aux laïcs leur opinion du rapport de la CIASE, organisée depuis le 25 novembre à travers le diocèse, l’évêque – qui n’est pas nantais d’origine – a-t-il ouvert une boîte de Pandore ? En tout cas, selon certains nantais il se trouve “assis en train de fumer sur la poudrière“.
Peu après la parution du rapport de la CIASE, des tags sont apparus dans la nuit du 6 au 7 octobre sur le périmètre du lycée privé Saint-Stanislas, navire amiral de l’enseignement diocésain, au coeur de Nantes. Rapidement effacés par la ville, ils ont donné lieu à une plainte du lycée. Sur un couvent voisin, d’autres tags mettaient en cause des évêques, nommés, pour leur silence.
Un second épisode a eu lieu dans la nuit du 21 au 22 novembre, toujours autour du lycée. Des tags, visibles pour certains jusque tard dans la matinée juste en face de l’entrée principale du lycée, indiquaient : ““Saint-Stan lycée du viol“, “Saint-Stan : gamins violés le diocèse se tait”, “St Stan lycée du viol 1971-1999”. Un autre, très vite effacé mais remarqué par des riverains partis, très tôt, au travail, était plus énigmatique : “St Stan = viols. Pervenche on vient te chercher”.
Pervenche ne serait pas ici le nom d’une fleur, mais celui “de l’ancien directeur, jusqu’en 1999, de Saint-Stanislas, qui a transformé l’établissement“, confie un ancien élève, et qui avait, à côté, un engagement politique à droite – il a même été député pendant neuf mois.
Enfin, un troisième épisode, expliqué par Ouest-France, a eu lieu dans la nuit du 1er au 2 décembre : “Ce matin, jeudi 2 décembre, au moins cinq nouveaux tags de la même teneur ont été découverts, dans plusieurs rues proches de l’association diocésaine de Nantes : rues Casimir-Périer, Émile-Loubet, Julien et Cardinal-Richard. Ils dénoncent des viols, en pointant à nouveau le lycée Saint-Stanislas, mais aussi l’évêque de Nantes, Laurent Percerou, parce qu’il se tairait”.
Ces adresses correspondent aux abords immédiats de la maison diocésaine de Nantes, qui abrite aussi les archives et le séminaire interdiocésain. Au moins un autre tag a eu lieu aux abords d’une église, qui semble être Saint-Pasquier, à 10 minutes de la maison diocésaine. Sur les réseaux sociaux, plusieurs photos tournent sur des boucles proches de l’extrême-gauche locale.
“Contactée par la rédaction [d’Ouest-France], la direction de l’établissement scolaire n’a pas souhaité répondre à ce sujet. De son côté, le diocèse de Nantes, via son service communication, a confirmé qu’une plainte était « en cours après les tags de la nuit dernière, mettant en cause le lycée Saint-Stanislas et interpellant monseigneur Percerou ».
L’évêque de Nantes est prêt « à entendre les personnes qui auraient des informations à faire connaître afin de comprendre de quoi il s’agit ». Le service communication précise : « N’ayant pas connaissance du dossier, Mgr Percerou souhaite que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
L’article a suscité des réactions diverses parmi les connaisseurs du dossier et d’anciens élèves du lycée. “Mgr Percerou vient d’ailleurs, et depuis peu [il a été nommé à Nantes le 11 août 2020, installé le 20 septembre] Et puis c’est fort possible que ses proches ne lui ont pas tout dit“, confie un paroissien du centre-ville. “Néanmoins il gagnerait à lire ses archives, et à lancer un appel aux témoins“.
Pour Jacques, paroissien à la Madeleine, “il faudrait aussi que ses réunions permettent de s’exprimer, car pour l’instant, j’ai été à la première, c’est plus de la mise en scène de l’affliction du diocèse qu’il s’agit, et tout est fait pour qu’on ne puisse ni interpeller l’évêque sur telle ou autre affaire, ni demander qu’en sera-t-il des indemnisations, et quels biens le diocèse va t-il brader pour payer les indemnités, alors que c’est pourtant à nous de le savoir, c’est certainement quelque chose qui a été donné par les générations précédentes de nantais, pour le culte, et certainement pas pour suppléer aux coupables ou à ceux qui les ont couvert“.
Des réunions pour entendre les victimes et tirer des leçons ? Pas vraiment…
Sur le Forum Catholique, un nantais réagit après la première réunion – le 25 novembre au Loquidy, autre grand lycée catholique nantais :”
- “réunion très, trop canalisée. Des témoignages pris dans le livret qui accompagnait le rapport de la CIASE, un peu de musique triste pour accompagner, une intervention d’un gars de la cellule d’écoute diocésaine, puis un speech [discours] bien lyrique de l’évêque.
- pas d’interpellation directe. Des petits groupes de 6-8 (dans un amphi, facile) avec un papier à remplir, des cadres et des questions déjà posées. On se croirait dans une formation de profs justement.
- pas d’expression autre que collective, et venue de laïcs plutôt chrétiens-démocrates de gauche, ben on n’est pas déçu, “il faut désacraliser le prêtre”, “revoir la gouvernance” et “mieux former les prêtres”.
- un laïc plutôt âgé a été applaudi quand il a dit “quand on voit des garçons servir la messe et des fillettes en capeline devant l’autel comment voulez les empêcher de tomber dans le cléricalisme”, l’évêque en lui répondant a éludé et tortillé comme s’il était pris à quelque chose de honteux… comment voulez vous qu’il ait le courage de mettre les mots sur les maux ?!
- Bref, appréciation peut être sévère mais sincère : ils (l’évêché) donnent l’impression de mettre en scène leur affliction et leur peine pour que réalité rien ne change. Ils pensent aussi sincèrement détenir l’autorité morale, alors qu’en pratique ils ne savent plus où ils habitent”.
Toujours est-il que le format de réunions similaires, organisées par d’autres diocèses (Valence, Sées), ou paroisses (ici dans le diocèse de Besançon), est souvent bien plus libre et permet même à des victimes de sortir de l’ombre. D’autant que dans bien des diocèses, des victimes se sont faits connaître après la parution du rapport de la CIASE, apportant de nouveaux faits et de nouveaux témoignages.
En Loire-Atlantique – dans le diocèse de Nantes donc – l’intervenant de la cellule d’écoute des victimes inter-diocésaine qui s’exprimait au début de la réunion du 25 novembre dernier, Hervé, avocat honoraire, affirmait que ladite cellule avait “reçu 71 personnes dont 24 de Loire-Atlantique – deux tiers des appels ont eu lieu sur les deux dernières années“, mais que depuis la parution du rapport jusqu’au 25 novembre, “nous avons eu une forte augmentation de demandes de rendez-vous en Loire-Atlantique, avec 22 ou 23 demandes“.
Il reste encore 9 réunions (sur 12) à Mgr Percerou pour tenter de justifier le titre de ses réunions – l’échange est censé laisser la possibilité aux fidèles de l’interpeller en toute liberté, et pas avec la double obligation de respecter le consensus de 6-8 personnes et l’espace sur un bout de papier format A5.
Il en reste au moins autant pour tirer les leçons qui s’imposent des affaires où ce sont des laïcs qui sont visiblement mis en cause – rien ne sert de les “désacraliser” puisqu’ils ne le sont pas, l’évêque de Nantes ne pourra pas – comme il semble le faire pourtant avec certains de ses fidèles, définitivement coupables d’aimer la messe en latin – tenter de nier le problème et passer en force.
Les prochaines réunions :
3 décembre 2021 à 20h : salle St Léger d’Orvault
7 décembre 2021 à 20h : église St Médard, Nantes
9 décembre 2021 à 20h : salle Ste Anne, Guérande
15 décembre 2021 à 20h : église Ste Anne, Saint-Nazaire
4 janvier 2022 à 20h30 : église Notre-Dame, Clisson
5 janvier 2022 à 20h : zone de Châteaubriant
11 janvier 2022 à 20h : maison Ste-Croix, Machecoul
13 janvier 2022 à 20h : salle paroissiale, Blain
25 janvier 2022 à 20h : salle paroissiale, Vertou
27 janvier 2022 à 20h : zone d’Ancenis
“Ici, nous sommes un département où les gens sont en lutte contre les injustices, où dans les dernières décennies nous avons fait reculer l’Etat à plusieurs reprises sur des grands projets d’aménagement – deux centrales nucléaires, une 2×2 voies, un aéroport, un GAFAM [Amazon, qui a jeté l’éponge] et un certain nombre de routes, sans oublier des dizaines de projets de carrières, d’éoliennes, des massacres du patrimoine… et ce sans obérer notre développement, ni faire exploser le chômage“, explique Emilie. “Ici, personne ne peut espérer réussir à nous manipuler. Ici, la vérité finit toujours par se frayer un chemin, quelles que soient les complicités, les embûches, et même face à l’Etat. Ici, c’est la Bretagne“.
Bienvenue à Nantes, Monseigneur.
Percerou ou Percetrou ? Quelqu’un connaît-il l’origine de ce nom ? Ou alors Perceroue ? Un ancêtre de l’évêque était-il puisatier ou carrossier ? En tout cas ce Mgr fait sa percée ou son trou ou la roue dans le monde enchanté des évêques qui sont en France. De médiocre curé de la cathédrale de Chartres, il a ensuite un peu plus asséché le marigot comme évêque du Bourbonnais, avant de donner toute sa néfaste mesure au pays de Charette. Bel exemple d’évêque du ralliement, avec Bouilleret, Nourrichard, et pratiquement tous les autres.