Évêque de Digne depuis 2015, Mgr Jean-Philippe Nault a été interrogé dans le mensuel La Nef de septembre. L’entretien est en ligne. Extrait :
Vous avez maintenant 8 séminaristes dans votre diocèse (pour 26 prêtres de moins de 75 ans) ; avez-vous mené une action spécifique pour cela ?
Il n’y a pas de recette, mais la conviction profonde, qui oriente l’ensemble, que les prêtres sont ô combien nécessaires pour « donner Dieu aux hommes et donner les hommes à Dieu » pour citer le Curé d’Ars. Ceci n’écarte pas, bien sûr, la vocation des baptisés-confirmés et plus spécifiquement celle des laïcs, mais au contraire souligne la spécificité du sacerdoce dans notre marche vers le salut et la complémentarité des vocations. Accueillir et porter la formation de jeunes qui veulent donner leur vie à Dieu comme prêtres (même si c’est difficile pour un petit diocèse !) est une vraie source d’espérance et une joie ! Les vocations sont aussi le fruit de la prière et de l’offrande cachée de ceux qui portent cette intention avec foi.
La raréfaction des vocations est-elle inéluctable et que peut y faire l’évêque ?
Le Seigneur appelle toujours, mais le bruit du monde brouille cet appel ! C’est surtout, me semble-t-il une question de foi. Aujourd’hui la foi a fortement diminué dans notre pays. Si la foi s’amenuise, cela engendre des conséquences tant sur la visibilité de nos communautés et la voix de l’Église dans les débats actuels, que sur les grandes orientations du pays et de la nation, et, bien entendu, sur la vitalité chrétienne et le nombre de vocations. Prenons conscience de cet état de fait ; certes un réveil de la foi, et par ricochet de la conscience chrétienne, est possible, mais ce n’est pas encore le cas.
Sur la question des vocations, le rôle de l’évêque est multiple : témoigner de l’Espérance (au sens théologal), appeler et accompagner… Témoigner dans le sens d’inviter à porter le regard sur le Ciel et donc à intégrer la question du Salut dans notre vie et les décisions qui l’habitent ; cela sous-entend le souci permanent de ramener à Dieu. Appeler c’est-à-dire transmettre clairement l’invitation du Seigneur à le suivre, soit dans le cadre de la vocation de tout baptisé, soit dans celui d’une vocation particulière dont la vocation sacerdotale ou religieuse ; aujourd’hui cela doit certainement être rendu plus explicite, en respectant la liberté de chacun. Accompagner enfin, qui signifie l’attention dans la durée aux jeunes qui ont peut-être maintenant plus de difficultés à choisir ou à s’engager pour toujours ; il s’agit de donner un contexte favorable au discernement et à l’accompagnement des vocations (vie de prière, vie chrétienne, joie du témoignage…). […]
Les entrées nombreuses, hors des filières diocésaines, dans des communautés comme Saint-Martin, les charismatiques ou les traditionalistes, ne sont-elles pas le signe d’une évolution : comment l’appréciez-vous ?
Une des clés, me semble-t-il, est le désir des jeunes de porter à plusieurs le souci de la mission, et ce dans la période à la fois passionnante mais difficile que traverse notre Église : vivre ensemble la mission, se garder par la vie commune, et témoigner joyeusement, telles sont les grâces (ou aides) recherchées. Ce désir se manifeste de plusieurs façons (communautés, fraternités sacerdotales…) mais dans un cadre où la prière et la liturgie, la vie fraternelle et le souci missionnaire ont une place importante. J’en suis moi-même le fruit puisque j’ai désiré être prêtre diocésain dans la Société Jean-Marie Vianney (SJMV). La diversité légitime et le souci d’une annonce fraternelle de la mission, sont donc une vraie chance pour l’Église de France. À nous d’accueillir ce désir, de l’accompagner et de discerner ensemble la Volonté du Seigneur.”