Pour l’ouverture de la 23e session du Comité international de bioéthique (CIB) de l’Unesco qui se tenait à Paris les 14 et 15 septembre dernier, Irina Bokova, Directrice générale de l’Unesco, est intervenue pour rappeler l’importance d’un développement conjoint entre la science et l’éthique. Un plaidoyer pour une science éthique.
Pour Irina Bokova, la science s’épanouit grâce au dialogue entre les cultures, dans une atmosphère qui favorise les échanges. Elle a souligné que le monde était en train de se transformer grâce à des innovations scientifiques et à la technologie. Chaque innovation permet de faire reculer les limites du possible. « Dans cette exploration qui peut à la fois fasciner ou faire peur », elle attire l’attention sur l’importance de « maintenir le cap de la dignité humaine ». Le développement durable ne doit pas seulement être un surcroît d’intelligence, mais un surcroît de paix et d’attention à la dignité. Elle a invité au resserrement des liens entre l’éthique et la science, rappelant que le CIB se voulait être l’espace de dialogue nécessaire à la discussion publique afin que la question éthique renforce la démarche scientifique, et que sa mission consiste aussi à anticiper des questions sensibles.
L’année dernière, à l’occasion de sa réflexion sur le génome humain, les travaux du CIB avait conduit à demander un moratoire sur l’ingénierie du génome de la lignée germinale de l’homme (cf. Comment protéger le génome humain, patrimoine de l’humanité ? et Génome humain et droits de l’homme : quelles suites au rapport de l’UNESCO) et il avait mis en garde contre les tendances eugénistes du Dépistage prénatal non invasif (cf. Le CIB met en garde sur les « tendance eugéniques » du DPNI).
Cette année, les experts ont notamment travaillé sur un projet préliminaire, un rapport d’étape concernant la question « Big Data et santé ». Un autre traitait de la question de la robotique éthique[1]. Ces projets serviront de base à la rédaction des rapports, assortis de recommandations, qui seront présentés l’année prochaine.
Irina Bokova a achevé sa prise de parole en rappelant que le CIB travaillait dans l’ambition plus large de l’UNESCO, considéré comme laboratoire d’idée, de tracer un chemin scientifique au service de la dignité, de la justice et de la paix. « Le vrai sens du mot progrès ».