Quatorze ans après la visite de Jean-Paul II, l’Azerbaïdjan reçoit à nouveau un pape ce 2 octobre, venu rendre visite à la minuscule communauté catholique, mais aussi œuvrer pour la paix dans une région éprouvée. Découverte du pays avec Marc Fromager, de retour d’Azerbaïdjan.
Nichée au bord de la Mer Caspienne, Bakou est une très belle ville si l’on réussit à faire abstraction des grandes barres d’immeubles soviétiques rassemblées à la périphérie. La capitale réunit en effet plusieurs périodes historiques dans un mélange tout oriental, entre la vieille ville aux ruelles étroites, vieux bâtiments et anciennes mosquées, la ville baroque du premier boom pétrolier au début du XXème siècle et la ville ultra-moderne du nouveau boom pétrolier, où les architectes les plus audacieux de la planète se sont donné rendez-vous.
Le pays est riche et même très riche grâce au pétrole qui lui permet de se lancer dans des projets pharaoniques. Le « Dubaï de la Caspienne » projetait même de se lancer dans la création d’îles artificielles comme cela se fait dans les riches émirats de la péninsule arabique. 95% des ressources proviennent de l’énergie, ce qui n’est pas sans conséquences néanmoins avec la chute du prix du baril. Les grands projets, comme l’agrandissement du métro, sont donc suspendus pour le moment et certaines difficultés budgétaires apparaissent.
Lorsque les sœurs de Mère Teresa sont arrivées dans le pays en 2006 pour servir les pauvres, on leur a répondu qu’il n’y avait pas de pauvres en Azerbaïdjan! Pourtant, les oubliés du système existent et ils regrettent l’époque de l’Union soviétique où tout le monde recevait le minimum.
Une société sécularisée
Pays à 97% musulman parmi lesquels plus des 2/3 sont chiites, ce qui s’explique par l’influence perse voisine, l’Azerbaïdjan est un des États les plus laïcs au sein du monde musulman et le contrôle exercé à l’encontre des différents groupes religieux, pour enrayer la croissance potentielle de l’extrémisme islamique, y demeure important.
Ancienne république soviétique, le pays a connu 70 ans de communisme et de répression religieuse. Au tournant du millénaire, la pratique religieuse y était très faible et la société extrêmement sécularisée. Encore aujourd’hui, l’islam y est très discret avec une présence visible largement inférieure à celle que l’on peut constater à Paris ou dans les grandes villes françaises.
Les sunnites y sont minoritaires, entre 15 et 30% selon les estimations, et toute tentative de radicalisation est suivie de très près par le gouvernement qui a sans doute conservé des réflexes de méfiance vis-à-vis de la religion, mais qui comprend également le risque de débordement dans l’environnement actuel du Moyen-Orient.
Les orthodoxes représentent le deuxième groupe religieux le plus important, même s’ils ne dépassent pas 2% de la population. Autrefois près d’un demi-million, leur nombre a chuté à 200.000 avec la moitié des Russes qui ont quitté le pays après l’indépendance. L’Eglise orthodoxe compte une éparchie dans le pays avec une quinzaine de paroisses et entretient de bonnes relations avec l’Église catholique.
Une Église ultra-minoritaire
Au moment du premier boom pétrolier, une église catholique avait été construite en 1912 puis fermée à l’arrivée des Bolchéviques en 1920 et détruite au début des années 30. Des 10.000 catholiques de l’époque, il ne restait plus qu’une dizaine de personnes âgées lorsque l’Église catholique est revenue en 1992. Aujourd’hui, la communauté compte 300 fidèles autochtones (souvent des mariages mixtes) et un millier d’étrangers, dont 300 Philippins, une présence quasi symbolique à l’échelle du pays. En moyenne, la pratique hebdomadaire réunit 500 personnes.
Au départ considérée comme une secte prosélyte, l’Eglise va bénéficier de la visite de Jean-Paul II. Le Président donnera alors un terrain pour l’église qui sera consacrée à l’Immaculée Conception. Une grande statue de la Vierge Marie trône devant l’église et attire beaucoup de personnes, dont de nombreux musulmans, surtout les femmes.
L’Eglise catholique compte une seule paroisse en Azerbaïdjan avec une église et une chapelle, desservies par six prêtres. Cinq sœurs Missionnaires de la Charité et deux religieuses salésiennes complètent les effectifs de cette petite communauté placée sous l’autorité d’un Préfet Apostolique, Mgr Vladimir Fekete, un salésien slovaque.
Le 29 mai de cette année eut lieu à St Pétersbourg l’ordination diaconale en vue du sacerdoce du premier azéri, une très bonne nouvelle pour l’Eglise en Azerbaïdjan, sans doute les premiers bourgeons de cette présence missionnaire discrète mais réelle.
Source : AED