Curieuse intervention du patriarche de Babylone des Chaldéens, invitant à distinguer ce “cancer” qu’est Daech, de l’islam.
Curieuse, car le prélat, au quotidien, ne peut être dupe de ce qu’est la dhimmitude en pays musulman. Curieuse, car on ne peut douter que le chef d’une si importante Eglise, localement coincée entre les mailles du filet coranique ait lu dans son intégralité le livre source de leur cadre de vie. Curieux, car la cohabitation ancestrale des chrétiens et des musulmans sur cette terre antique n’a jamais été vraiment sereine.
Alors pourquoi Monseigneur Sako pose-t-il la distinction entre l’intégrisme de Daech et les musulmans “du quotidien” ? Pose-t-il, à son tour, la médiatique limite entre islam modéré et islam radical ? Ou bien souhaite-t-il éviter la stigmatisation anti-musulmane qui enverrait en rangs par quatre tous les modérés grossir les rangs de Daech ?
Difficile de répondre à la question à la place du prélat. Pour autant, nous finissons toujours par faire les frais de l’à peu près. La question que posent Mgr Sako et l’usage médiatique de l’expression “Islam modéré” semble être plutôt celle que cherche à éradiquer Daech, à savoir un “faux islam”.
Lorsque Daech investit un territoire, il entend rétablir l’Islam véritable, c’est à dire intégral. Ce qui sous-entend que le dit Etat islamique, estime que les modérés ne sont pas de vrais musulmans. Alors qui a raison ? Qui des modérés ou de Daech est le véritable islam ?
Pour éviter la stigmatisation de masse, pour ne pas rejeter la majorité des “modérés”, autorités et médias s’échinent à nous présenter deux islams, là où manifestement il y a un islam et un non islam. Comme il y a des chrétiens et des prétendus chrétiens, ne reconnaissant du Christ qu’un visage bien défiguré. A moins que les deux camps n’aient tort.
Pourtant, même si Daech radicalise certains points du Coran, les absolutise, ou tout simplement les mets tous en action les portant à leur paroxysme, force est de constater à l’homme honnête que Daech est bien plus proche du livre de Mahomet que les “modérés” qui l’interprètent, en excluent certains passages, le revisitent (à leur risques et périls du reste).
Pour avoir une idée de ce qu’est l’Islam, nous pouvons nous reporter à ces deux articles relayées par Riposte Catholique, ou à notre édito du printemps dernier.
Le vrai visage des musulmans n’est donc pas cet islam modéré. Aussi, de deux choses l’une, où les modérés décident (décideront un jour) d’être de “vrais musulmans” où ils pratiquent une autre religion, non identifiée, même si elle demeure d’inspiration musulmane.
Du point de vue du positionnement politique, mais aussi comme perspective missionnaire pour le chrétien, cet angle de vue est radicalement différent et ouvre bien d’autres perspectives. Mais il vaut mieux appeler un chat un chat pour avoir les éléments de dialogue les plus appropriés et ne pas faire entrer un dangereux cheval de Troyes, déjà bien introduit.