Le pape a prononcé un discours avant d’entamer un dialogue avec les jeunes italiens de la « Villa Nazareth » de Rome, où il s’est rendu le samedi 18 juin. Il répondait à une question sur l’économie :
Pardonnez-moi, je me suis trop étendu. Sur cette question, j’ai déjà répondu à la plupart des points. Mais je voudrais aller au cœur du problème. C’est le style de l’économie moderne que nous devons revoir. Aujourd’hui – et je le dis parce que je l’ai écrit dansEvangelii gaudium – l’économie est une économie qui tue. Au centre du monde, au centre de l’économie mondiale, il n’y a pas l’homme, la femme, il y a le dieu argent. Et c’est ce qui tue. Trouver un matin d’hiver un sans-abri mort de froid à piazza Risorgimento, ou tant d’enfants qui n’ont pas de quoi manger, dans la rue, voir drogués … ça n’attire pas l’attention des journaux. Par contre, si les points de la bourse de Tokyo, Londres, Francfort, New York, chutent, grande tragédie mondiale ! Nous sommes esclaves de ce système économique qui tue, esclaves et victimes. Aujourd’hui travailler au noir c’est normal, car si tu ne travailles pas au noir, tu n’as pas de travail. C’est normal.
Aujourd’hui c’est normal de te faire un contrat de travail de septembre à juin, et après ? Juillet et août ? Tu manges un peu d’air! Et puis on te donne un autre contrat en septembre. Sans couverture sanitaire, sans possibilité d’avoir une retraite. Cela s’appelle « un travail d’esclave », et la majorité d’entre nous vit dans ce système de travail. Les flux migratoires: une partie a fui à cause de la faim, car leur pays a été exploité et ils ont faim. Et une autre a fui à cause de la guerre, qui est ce qui rapporte le plus en ce moment : les trafiquants d’armes. Celui qui vend et fait du trafic d’armes à tel ou tel pays en guerre est le même que celui qui vend et fait du trafic avec le pays adverse! Il est difficile aussi de faire arriver les aides humanitaires dans des pays en guerre ou des pays où la guérilla est active: souvent, la Croix Rouge n’y arrive pas. Mais les armes arrivent toujours, il n’y a pas de douane qui les arrête! Pourquoi? Parce que c’est l’affaire qui rapporte le plus. Le dieu argent. Nous sommes des esclaves. Une jeune fille, l’année dernière, racontait qu’elle était allée faire la queue pour un emploi qu’elle avait vu dans le journal. Un employé a regardé son curriculum et lui a dit: « Oui, Oui, ça ira, oui, on vous prend. Vous travaillerez 10 à 11 heures par jour, plus ou moins. Salaire ? 650 euros par mois ». La jeune fille a répondu: « Mais, cela n’est pas juste! » Et l’autre : « Ah si ça te plaît tu prends ; si ça ne te plaît pas, regarde derrière toi toute la queue … Au revoir! »
Et ceci est notre pain quotidien, et de cette injustice sortent tant de nouvelles pauvretés, tant de nouvelles pauvretés.
Source Zenith