Nous publions ici un extrait d’un long message d’un lecteur de Riposte Catholique. Message dans lequel il lance une judicieuse et riche invitation. Le Père Manaranche, jésuite de son état, formateur dans diverses maisons comme Ourscamp ou Ars, ne peut guère être soupçonné d’extrémiste intégriste.
Prenez le livre “L’homme dans son univers”, du Père André Manaranche, sj., livre qui date de 1966, et lisez, au début du livre, les pages dans lesquelles le Père Manaranche parle des raisons pour lesquelles le Concile Vatican II a un caractère inachevé. Parmi ces raisons, il y a les raisons suivantes, qui sont équivalentes à des vices de conception non négligeables ; ainsi, au Concile,
a) “On a évité (voire occulté ?) les options théologiques” : au Concile, on a évité de choisir entre telle et telle option globale, théologique, voire on a occulté la nécessité de choisir une option globale, théologique ;
b) “On a évité (voire occulté ?) le langage philosophique” : à Vatican II, on a évité de recourir au vocabulaire et aux argumentaires philosophiques les plus propices à un optimum d’explicitation et d’objectivité, voire on a occulté la nécessité de recourir à ce vocabulaire et à ces argumentaires philosophiques ;
c) “On n’a pas développé le discours apologétique” : au Concile, on n’a pas développé de discours apologétique, de discours de légitimation et de valorisation du christianisme catholique, face aux confessions non catholiques et face aux religions non chrétiennes, et on n’a pas développé de discours de préconisation ou de recommandation contra-positionnelle du christianisme catholique, face à l’homme et au monde contemporains, ou, en tout cas, face à telle conception dominante de l’homme et du monde contemporains.
d) “On n’a pas déterminé l’instrument de pensée” : à Vatican II, on n’a pas déterminé les fondamentaux non pastoraux, situés en amont et en suplomb, par rapport à toute pastorale, sur lesquels on a pris appui, pour mettre en forme le Concile, ou sur lesquels il convient de prendre appui, pour mettre en oeuvre en oeuvre le Concile, d’une manière respectueuse de ce qui devrait faire le plus autorité, et de ce qu’il y a de dogmatique, donc, il faut bien le dire, de moins novateur et de moins pastoral, dans les différents documents du Concile.
Grâce à André Manaranche, [nous avons] les raisons profondes, non dépourvues d’effets durables, pour lesquelles nous sommes confrontés, depuis bientôt trois quarts de siècle, à une forma mentis suiviste, au sein de l’Eglise catholique.