L’option préférentielle pour les pauvres et l’accueil des immigrés : deux thèmes chers au Pape François. Il en a reparlé ce jeudi 21 avril en recevant les membres des Caritas diocésaines d’Italie, réunies à Rome pour leur Congrès national.
Pour le pape, il est essentiel de «remonter jusqu’aux causes de la pauvreté pour les éradiquer»; il faut notamment «agir sur les mécanismes qui génèrent l’injustice et lutter contre toutes les structures du péché.»
Il précise qu’il ne faut pas oublier que «l’immigration est, sous plusieurs aspects, une richesse et une ressource.» Le Pape François invite à «privilégier les choix qui favorisent l’intégration.» Il faut, dit-il, «construire des communautés passionnées de dialogue qui sachent vivre les conflits de manière évangélique, sans les nier mais en les transformant en opportunités de croissance et de réconciliation.»
Source Radio Vatican
Nous sommes désormais habitués à ce champ sémantique du Saint Père en faveur des pauvres et de l’accueil des immigrés. Il est indéniable que la pauvreté ne laisse pas indifférents les chrétiens. Elle dérange, heurte, remet en cause, taraude la conscience. Que faire, jusqu’où aller dans l’aide sans tomber dans l’assistanat ? Comment aider sans aller jusqu’à faire prendre des risques à sa propre famille, son propre pays ? Car n’oublions pas que le devoir premier de chacun est dû à ceux dont nous avons la responsabilité directe, nos enfants, nos proches. Le Bien Commun est un équilibre subtile et non un gâteau indéfiniment partageable.
A absolutiser les aspects humanitaires et matériels de la solidarité, le risque n’est pas nul de créer de nouveaux déséquilibres dans ce Bien Commun. Soulager la souffrance immédiate ne peut se faire au détriment du bien durable, parce qu’un bien ne peut justifier un mal. Même s’il n’est pas “bien pensant ” de le dire, même si c’est atrocement douloureux à penser ou à voir, il peut parfois être mauvais d’apporter une aide irréfléchie.
Ce n’est pas parce que nous sommes dans des situations inextricables, nées de structures de péchés et de déséquilibres faits de mains d’hommes, qu’il faut soulager ces souffrances par d’autres déséquilibres, sous peine de nourrir un cercle vicieux et infernal.
Au risque de choquer, et je suis conscient de l’habillage inhumain de ces propos, soulager la misère du monde ne se fait pas n’importe comment et à n’importe quel prix. Tout se situe dans l’équilibre. Que le Saint Père rappelle à temps et à contre temps cette exigence préférentielle pour les pauvres, exigence intimement liée à la vie chrétienne, ne doit pas nous faire oublier que la charité se fait dans la vérité.
A l’invitation du pape François, sans délaisser dans toute la mesure du possible les actions d’aide immédiate, il est bien plus fondamental d’éradiquer la source de ces injustices.