L’homélie matinale du pape François, lors de la messe à la maison Sainte-Marthe, ce 19 avril, poursuit la désormais longue liste des appels du Saint-Père contre les docteurs de la Loi.
C’est devenu un véritable leit-motiv, comme s’il y avait les gardiens du temple et les autres, ceux ouverts à la nouveauté de l’Esprit. De tout temps, l’Eglise catholique a mis en garde contre les pharisiens. Le pharisianisme est une fermeture du cœur il est vrai. Mais il est avant tout sécuritaire. On se rassure derrière l’application de rites et de codes. Il est parfois aussi identitaire. Et il est spirituellement primordial de lutter contre cette attitude sclérosante.
Mais aujourd’hui,, comme dans les années 60, brandir le pharisianisme est le plus sûr moyen de discréditer son adversaire, comme en politique on tue son opposant avec la cartouche imparable du fascisme. Ainsi, à l’image des années pré et post conciliaires, nous voyons renaître une “vague du bon cœur” qui s’opposerait à la vague, forcément pharisienne, de la vérité. Caritas in veritate aura-t-elle donc été écrite en vain ?
Le vrai bien, celui qui effectivement soulagera la détresse humaine, ici-bas et pour l’éternité, suppose intrinsèquement la vérité. S’il ne faut pas s’arc-bouter sur la vérité au point d’en oublier la charité, on jugera de la pertinence de la nouveauté à son adéquation à la tradition du magistère.
Du reste, saint Vincent de Lérins dans son commonitorium, ne dit pas autre chose, lorsqu’il distingue progrès et changement. Le changement est une rupture tandis que le progrès (le vrai) est un déploiement. Aujourd’hui les forces de progrès sont en fait de perpétuelles forces de ruptures. La nouveauté dans l’Esprit Saint est un déploiement de la vérité, une lumière toujours plus rayonnante, en aucun cas une rupture.
C’est avec cette nuance de taille qu’il faut pourfendre le pharisianisme comme le relativisme.