Dans un message vidéo, diffusé ce mardi 19 avril 2016, alors qu’était présenté le rapport annuel du Centre Astalli, le Pape souligne que le Centre est un «exemple concret et quotidien de l’accueil né de la vision prophétique du père Arrupe»
Il s’adresse alors aux réfugiés eux-mêmes : «Votre expérience de douleur, affirme t-il, nous rappelle que nous sommes tous étrangers et pèlerins sur cette terre ».
«Pardonnez la fermeture et l’indifférence de nos sociétés qui craignent le changement de vie et de mentalités que votre présence requiert». «Vous êtes traités comme un poids, un problème un coût alors que vous êtes un don».
Il est un fait que les chrétiens sont toujours appelés à se laisser “déranger” par l’importun, comme le Christ nous le rappelle. L’accueil de celui qui est dans la peine, de celui qui souffre est bel et bien l’expression même de la Charité (qui n’est pas la solidarité). Mais il faut cependant rester prudent quant à ces “changements” et les phrases courtes et presque journalistiques du Saint-Père si elles ont le mérite d’interpeller, ont également le revers de l’emporte-pièce, la confusion.
La société dans son ensemble est invitée, en effet, à changer de mentalité, c’est à dire à sortir de l’individualisme de confort, de la course orgueilleuse de l’Homme vers toujours plus de lui-même. En revanche, les chrétiens, eux, sont appelés à changer d’attitude. Il ne leur est pas demandé de laisser de côté des siècles de tradition chrétienne pour entrer dans le relativisme mondain actuel (qui entre parenthèse est bien plus dangereux que la mondanité de l’argent). Il est demandé aux chrétiens, depuis la nuit des temps, de convertir leur cœur et de faire de l’accueil, une vertu, c’est à dire une orientation naturelle au bien. Or le bien n’est pas relatif, il est unique. Unique en tant que vérité universelle. Unique en tant que lié à chaque réalité concrète dans les limites de ce bien universel.
En matière d’accueil des réfugiés, il ne saurait être question de diluer les cultures dans un grand tout. Du reste le pape a, à plusieurs reprises, appelé l’Europe à s’enraciner dans son identité. En outre, les chrétiens d’Orient ne cessent de nous le dire, il faut les aider à préserver leur propre culture. La diversité n’est pas l’uniformisation économiquement commode de la société.
En matière d’immigration, il faut distinguer l’accueil du réfugié, un accueil provisoire autant que possible, de la vague migratoire. La tension délicate entre immigration et charité chrétienne a été évoquée lors de la journée d’étude de l’Observatoire sociopolitique de Toulon que nous vous invitons à consulter.
Mais pour pouvoir accueillir en vérité, il convient avant tout d’être au clair sur sa propre identité.
Changer la mentalité de la société pour l’ouvrir à l’autre est un élément traditionnel de l’évangélisation. Se perdre dans le grand tout du changement est contraire en revanche à toute la tradition chrétienne qui suppose l’enracinement, appelé également l’incarnation.