Inquiété par la progression fulgurante de l’eurosceptique Nigel Farage et de son parti l’UKIP, David Cameron a récemment réorienté la stratégie de communication de son parti politique pour s’adresser à l’Angleterre telle qu’elle est, un pays en perte de vitesse et de repères, qui, comme la France, aspire à tirer un trait sur les expériences malheureuses menées dans les décennies précédentes. C’est donc en accord avec cette ligne politique que le Premier ministre britannique a, mardi 17 juin, au cours d’un « petit déjeuner national de prière », événement annuel organisé à Westminster Hall, prononcé un discours dans lequel il a fait un éloge vibrant du christianisme à la fois comme partie inaliénable de l’héritage de la société britannique, et comme moteur de l’engagement politique pour « changer la vie des gens ». Un discours parfaitement hypocrite, lorsque l’on sait qu’avant sa soudaine « conversion » David Cameron était allé jusqu’à dire que soutenir le « mariage » pour les paires de même sexe était une position conservatrice. On se souvient notamment de sa première sortie dans le genre, opportunément distillée à Pâques auprès du Church Times.
On remarquera que, fidèle à sa réputation d’extrémiste de la modération, l’archevêque de Canterbury Justin Welby a presque tenu des propos inverses, appelant les chrétiens à toujours plus d’enfouissement sous une lourde couche d’humanisme neutre et politiquement correct.