Le Pape François a reçu le 6 juin le Premier ministre japonais Shinzo Abe qui en a profité pour inviter le Souverain Pontife à se rendre dans l’Empire du Levant. La Conférence des évêques du Japon a publié un communiqué disponible en anglais dès le lendemain pour souligner qu’elle avait déjà lancé une invitation en octobre 2013. Cette nouvelle invitation s’inscrit dans le cadre des prochains voyages asiatiques du Pape François. Il sera en août en Corée du Sud, et l’an prochain au Sri Lanka et aux Philippines.
Néanmoins, le communiqué de la conférence des évêques du Japon laisse apparaître une forte opposition vis-à-vis de la politique gouvernementale. Elle évoque deux raisons pour souhaiter la venue du Pape François qui sont des critiques voilées de Shinzo Abe. Tout d’abord, elle souhaite enrôler l’évêque de Rome dans la croisade qu’elle a lancé contre les centrales nucléaires. Cette opposition des évêques japonais à l’énergie nucléaire s’est largement amplifiée après la catastrophe de Fukushima. Les évêques souhaitent que le Pape puisse venir prier sur les lieux du tremblement de terre en faveur des victimes.
Le deuxième point concerne l’effort de réarmement du Japon face au renforcement de la Chine. Alors que les évêques déclarent se rependre pour l’attitude du Japon pendant le second conflit mondial, ils attaquent en sous-entendus la commémoration des victimes japonaises du conflit par les autorités, dans des temples perçus comme des symboles du nationalisme nippon. C’est autour de cette question de la repentance et du contexte actuel que se cristallise la question d’une réforme de la constitution japonaise, pour autoriser un réarmement propice à faire pièce à la montée en puissance chinoise. Alors que le gouvernement fait des ouvertures en ce sens, l’Eglise catholique du Japon s’engage dans la voie d’une campagne en faveur du désarmement.
Très actifs sur la question du nucléaire ou des armements, les évêques japonais ont presque déjà baissé les bras sur la pastorale familiale et les questions de morale. Le vaticaniste Sandro Magister a pu parler, à propos du document émis par la conférence épiscopale japonaise pour le synode sur la Famille, de véritable « capitulation ». Au Japon comme ailleurs, l’épiscopat peine à discerner les bonnes priorités.