Rédacteur en chef de L’Homme Nouveau, l’écrivain Philippe Maxence est aussi le rédacteur de deux blogues d’intérêt : Un nommé Chesterton et Cælum et Terra. C’est dans ce dernier qu’il a publié hier, sous le titre « Jean Madiran : sous le signe de la piété », un touchant hommage au regretté Jean Madiran. Nous le remercions de nous avoir accordé l’autorisation de la publier ici aujourd’hui.
Fondateur de la revue Itinéraires et du quotidien Présent, écrivain et journaliste, Jean Madiran, oblat de saint Benoît, est retourné à la Maison du Père en ce mercredi 31 juillet 2013. Comme Louis Veuillot en son temps, il reste un exemple de combattant inlassable au service de l’Église et parfois contre le personnel de celle-ci qui en notre temps n’est pas toujours à la hauteur de Celui qu’il doit servir. Jean Madiran était un disciple de Charles Maurras, mais aussi, et peut-être surtout, d’André et d’Henri Charlier dont il a contribué plus que quiconque à faire connaître et répandre l’œuvre et ce souci péguiste de la réforme intellectuelle et morale. Le Père Bruckberger a écrit de lui qu’il continuait de porter en notre temps la voix exigeante de Charles Péguy et cet hommage était juste, venant d’un homme et d’un prêtre qui se disait pour sa part le disciple de Georges Bernanos.
À l’heure qu’il est, alors que la nouvelle vient de tomber, le moment est à la prière et à la reconnaissance. À toute une génération, dont je fais partie, Jean Madiran a appris et transmis les exigences de la vertu naturelle de piété, vertu si contraire à la modernité et dont on voit aujourd’hui, plus que jamais, qu’elle est nécessaire, alors que le spirituel et le temporel semblent s’enfoncer d’un même pas, ou d’un même mouvement, vers la reddition absolue au grand n’importe quoi.
Il est trop tôt pour dire tout ce que nous devons à Jean Madiran. Je n’étais pas un de ses proches et je n’ai pas partagé tous ses combats. Mais il a fait partie de ces hommes qui ont marqué ma jeunesse et ses écrits furent de ceux qui ont eu une influence décisive sur le jeune garçon que j’étais, quand le souci de la primauté du bien commun de l’Église et de la France m’ont suffisamment étreint pour qu’il décide d’une grande part de mon existence. Il a affermi en moi l’attachement à la messe catholique romaine, attachement non pas seulement sentimental, mais raisonné et doctrinal. Il m’a encouragé, par son exemple, à me greffer de manière décisive au grand rameau bénédictin. Il m’a appris à penser et à réfléchir en catholique, même dans les questions du combat temporel. Il était le dernier de la grande cohorte des écrivains et penseurs catholiques de l’après-guerre et sa voix va manquer alors que le ciel s’assombrit.
C’est sous le signe et dans la perspective de la piété que je garde le souvenir de ce défenseur de la foi et je le confie bien sûr à la douce miséricorde de Dieu, car il a combattu le bon combat qu’il nous faut continuer aujourd’hui, à notre manière et selon nos faibles moyens, pour l’honneur de l’Église et le salut de notre patrie.
D’autres diront mieux que moi l’hommage que Jean Madiran mérite aujourd’hui. Mais je voulais ce soir témoigner que bien au-delà du cercle de ses proches son influence aura été importante, comme j’ai pu lui dire un jour de vive voix. À Dieu, Jean Madiran.
Fidélium Deus, ómnium Cónditor et Redémptor : animábus famulórum, famularúmque tuárum remissiónem cunctórum tríbue peccatórum ; ut indulgéntiam quam semper optavérunt, piis supplicatiónibus consequántur
Merci pour ce bel “In memoriam” auquel, tous ceux qui comme vous ont croisé Jean Madiran à travers ses écrits, n’ont pu être insensibles.Toutefois, certains d’entre aux auxquels hélas, j’appartiens, n’ayant plus tout à fait la mémoire de leurs années de latinistes et pas forcément un Gaffiot sous le coude, apprécieraient une traduction du Fidélium Deus…Merci.