La veillée pour la vie organisée hier à Notre-Dame de Paris par les 8 évêques d’Ile-de-France a rempli la cathédrale. L’assistance, nettement plus âgée que le public des marches pour la vie, a pu entendre 4 témoignages. Celui tout d’abord d’un membre du mouvement “Foi et Lumière” (60 communautés franciliennes) qui accueille des personnes, enfants ou adultes, avec un handicap mental plus ou moins grave et qui fêtera ses 40 ans l’année prochaine. “Je pense à cette maman qui me disait : ‘je suis venu (à Lourdes, NDLR) pour demander à la Vierge Marie que ma fille (handicapée, NDLR) sourie. Et maintenant qu’elle sourit, je suis venu demander la même chose pour les autres mamans'”. Et de nous rappeler que “beaucoup d’enfants avec un handicap sont supprimés avant et même après la naissance” en 2010 en France.
Puis, des bénévoles ont décrit leur expérience au foyer El Paso qui signifie “le passage”. Ouvert au début du printemps 2010, il accueille des femmes enceintes en difficulté matérielle et/ou morale pour les aider à garder leur enfant dès le début de la grossesse. Le foyer est situé à Neuilly-sur-Seine chez les filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. Un refuge pour toutes ces jeunes femmes (Eva, Armelle, Laura…) “délaissées par leur conjoint à l’annonce de la grossesse” qu’elle n’ont “pour la plupart” pas souhaité, en situation de “rupture avec leur famille”, “sans ressources”. “La vocation du foyer est de donner une réponse, même temporaire, pour les aider à régler certaines de leurs difficultés et à trouver de nouveaux repères pour l’avenir”. Concrètement, “élaborer un projet de vie dans lequel l’enfant devient une chance et même une espérance“ mais aussi “aider à trouver un emploi et un logement”. “L’Eglise doit être présente là-aussi car comme le dit si bien Mgr Daucourt, l’évêque de Nanterre qui a initié le projet, la confiance ne peut subsister que si chacun, y compris le plus faible (…) est accueilli comme un don fait sans condition“. Ce foyer n’a le droit, pour l’instant, à aucune aide publique.
Mgr Brouwet, le jeune et prometteur évêque auxiliaire de Nanterre, a ensuite rappelé que de nombreuses femmes vivent aujourd’hui avec “le poids d’avoir porté atteinte à la vie de leur enfant”. Comme ce professeur en prépa qui décrit sa souffrance après son avortement : “je ne pouvais pas supporter de voir des femmes enceintes, dès qu’on me parlait d’accouchement, je fondais en larmes mais je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement avec mon avortement”. En 1996, elle rencontre la Communauté d’Agapè. “Je me suis rendu compte à quel point les entrailles de Dieu frémissent de nous réconcilier avec Lui”. “Loin de Dieu, on quitte inexorablement l’espace de la vie” pour des “déchirements familiaux”, des “cris”, des “souffrances”, des “éclats”, “une humanité blessée” en somme. “Cela a duré 30 ans” dans son cas… “jusqu’au jour béni du retour vers le Père pour une vie rénovée“. “Maintenant, je suis vraiment mère de 3 enfants et le petit frère est auprès du Père”.
Prenant la parole, un évêque que je n’ai pas réussi à identifier a ensuite averti : “nous risquons de nous habituer à la culture de mort” et a appelé à “transformer notre regard sur les autres”. “Un chemin de réconciliation avec le Seigneur, son enfant, soi-même et les autres est possible en accueillant la miséricorde de Dieu”. Puis, Bruno qui souffre de retard mental s’est présenté, ainsi que Vincent, deux témoins de l’Arche. Ce dernier nous a expliqué que vivre avec Bruno “[l]’entraine à voir la beauté présente dans chacun”. Et Mgr Brouwet de louer cette “belle simplicité” avant que le Cardinal Vingt-Trois ne nous lise l’Evangile selon Saint-Luc (10, 25-37).
Dans son homélie, l’archevêque de Paris a posé beaucoup de questions, sans doute pour interpeler l’assemblée sur l’aberration de la situation actuelle : “qui mérite de vivre ? Qui a le droit à l’existence ? Qui est notre prochain ? A partir de combien de semaines ?”, etc
“Ces quatre témoignages entendus disent tous la même chose : ‘le Seigneur était là et je ne le savais pas'”, invitant les fidèles à “rendre grâce pour cela, Le prier pour qu’Il ouvre les yeux sur les misères de l’Humanité”. Mgr Vingt-Trois a aussi souhaité qu’ “Il fasse de nous des gens capables de se rendre prochains dans ceux qui sont mal reconnus comme prochains”. J’ai personnellement regretté que notre cardinal n’incite pas les jeunes catholiques présents ce soir-là et pour qui la politique est souvent considérée comme quelque chose de sale, à s’engager pour lutter contre les “structures de pêchés” dénoncées par le pape Jean-Paul II (= les “autoroutes du mal” de Jacques Bichot), c’est-à-dire ces institutions et mécanismes qui conduisent les hommes à commettre l’injustice et les poussent à s’écarter de leur vocation de fils de Dieu. Ne même pas mentionner leur existence, c’est passer à côté du problème mais c’est aussi… éviter les foudres merdiatiques. Car enfin, si l’avortement a toujours existé, c’est la première fois depuis l’avènement du christianisme que sa pratique est encouragée, remboursée et banalisée par les pouvoirs publics et par certaines (prétendues) autorités morales. La loi Veil et les lois qui ont suivi n’y sont pas pour rien et les dénoncer est indispensable. Ce ne fut malheureusement pas le cas hier soir où, comme souvent à notre époque y compris dans l’Eglise, l’émotion fut préférée à la raison.
Arthur Leroy
J’ai été à cette messe.
J’ai pu y constater que les évèques étaient réellement pro-vie, mais d’après quelques mots que j’ai pu échanger ils ont dit que la question n’était pas aussi facile, et qu’ils se demandent si leur place est réellement dans une manifestation.
Peut-être serait-ce bien que riposte catholique publie un article sur cette question?