Nous sommes à moins de cinq mois des élections aux États-Unis : présidentielle, législatives dans les États et fédérales (toute la chambre des Représentants, un tiers du Sénat), un bon nombre de gouverneurs des États, etc. Les commentateurs politiques et les spécialistes en élection, commencent à s’interroger et à supputer le poids du “vote catholique”. Je mets des guillemets, car il n’y a pas, à proprement parler de “vote catholique” : ce n’est pas un bloc monolithique qui obéirait au doigt et à l’œil aux instructions des curés et des évêques (lesquels, par ailleurs, sont loin de constituer, eux aussi, un bloc monolithique…). Toutefois, il est intéressant de surveiller le vote des catholiques dans les États où ils constituent une forte minorité, de constater, statistiquement, les variations de cet électorat (fort de 25 millions d’électeurs, soit près du quart – 24 % exactement – des Américains inscrits sur les listes électorales) sur l’opinion qu’ils ont de la présidence Obama, ou sa réaction à la campagne menée par les évêques américains contre de HHS Mandate, une réaction, qui n’est pas celle que s’imagine et affirme péremptoirement Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire La Vie. On note, en effet, que pendant la période mars-avril 2012, celle qui ouvre la bataille de l’épiscopat contre le HHS Mandate, le soutien des électeurs catholiques à Obama a chuté sensiblement, tombant de 53 à 45 %. Chez les catholiques Blancs, la chute est encore plus sévère : de 45 à 37 % (Pew Research Center). Un tout récent sondage Gallup n’accordait plus que 46 % d’opinions favorables à Obama chez les catholiques. Il est utile de rappeler qu’en 2008, Obama avait récupéré entre 53 et 54 % des votes catholiques…
Voyons donc, comment envisagent les choses quelques experts politiques.
Auteur de The American Catholic Voter (l’électeur catholique américain) dont la première édition fut publiée en 2004 chez Ignatius Press, George J. Marlin, catholique lui-même, est, sans conteste, le meilleur connaisseur de l’histoire et de l’influence de l’électorat catholique. Dans un entretien accordé au média conservateur Newsmax.TV, le 12 juin, il précisait : « Les États-bascule [pour l’élection, Swing States] de Floride, de l’Indiana, de l’Ohio, du Michigan, de Pennsylvanie, du Wisconsin, en particulier, ont de fortes populations catholiques, de catholiques âgés. Ce sont là des États-bascule. Obama les a tous emportés la dernière fois [2008]. En 2004, Kerry [candidat Démocrate catholique à l’élection présidentielle] n’avait emporté la Pennsylvanie et le Michigan qu’avec 51 % des voix (…) Quand il s’agit des libertés religieuses, quand il s’agit du mariage homosexuel, ces catholiques Rust Belt [région industrielle en déclin] dans ces États-bascule clé peuvent faire la différence et jeter Obama dehors. Je pense donc que les catholiques pratiquants âgés seront la clé de cette élection et je crois qu’il sont en train de se rallier à Romney ».
De son côté, Michael Novak, politologue conservateur et catholique, écrivait dans la National Review Online du 13 juin, un article intitulé « The Catholic Vote Swing » (le basculement du vote catholique) et sous-titré « La défense de la liberté religieuse constituera cette année une question importante pour les catholiques ». Il écrit : « Le vote catholique est principalement concentré dans les plus grands États [qui constituent le] collège électoral : la Californie, le Texas, New York, la Floride, la Pennsylvanie, l’Illinois, l’Ohio, le Michigan, le New Jersey (…) Comme le savent très bien les politiques professionnels, chaque bascule compte double. On enlève une vois d’une colonne pour la mettre dans l’autre. Si sur une base nationale de 25 millions d’électeurs catholiques, le vote catholique bascule d’un million de voix pour Romney et d’un millions de voix en moins pour Obama, le gain net pour Romney sera de deux millions de votes par rapport à son compétiteur, et pour Obama ce sera une perte sèche de deux millions. Cette année, il très probable que la bascule sera de deux millions pour Romney, et une perte sèche de quatre millions pour Obama. Et on pourrait même assister à une bascule plus importante : cela dépendra de l’importance que va revêtir la vaste la vaste campagne menée pour la défense de la liberté religieuse ».