Ce pourrait être, de l’avis de nombreux observateurs, le plus grand mouvement de “désobéissance civile” aux États-Unis depuis, précisément, le grand Mouvement pour les droits civique (Civil Rights Movement) des années 1950-1960 ! Outre les 12 actions judiciaires devant autant de tribunaux fédéraux lancées par 46 (43 voici à peine quinze jours) institutions catholiques (diocèses, hôpitaux, universités…) contestant ouvertement le HHS Mandate du gouvernement Obama, les évêques, qui préparent au plan national la « Quinzaine pour la Liberté » (Fortnight for Freedom, 21 juin-4 juillet), vont faire distribuer ces prochains jours un document intitulé Protecting Consciences (protection des consciences) destiné à être inséré dans tous les bulletins paroissiaux. En voici quelques extraits particulièrement significatifs.
Dans sa célèbre Lettre de la prison de Birmingham [Alabama] de 1963 [16 avril], le Rév. Martin Luther King Jr. disait courageusement : « Le but de l’Amérique c’est la liberté ». Comme pasteur chrétien, il affirmait que qu’appeler l’Amérique à la pleine mesure de cette liberté était la contribution spécifique que les chrétiens étaient tenus de faire. Il plongeait ses arguments légaux et constitutionnels sur la justice dans la longue tradition chrétienne : « J’abonderais dans le sens de saint Augustin pour qui “une loi injuste n’est pas une loi” (…) Une loi juste est une prescription établie par l’homme en conformité avec la loi morale ou la loi de Dieu. Une loi injuste est une prescription qui ne se trouve pas en harmonie avec la loi morale ».
Des lois injustes imposent de telles injustices aux individus et aux organisations que leur désobéir peut être justifié. Tout doit être tenté pour les abolir. Quand les biens fondamentaux de l’homme, tel le droit à la conscience, sont en jeu, nous pourrons être amenés à témoigner de la vérité en résistant à la loi et en en assumant les sanctions (…) Ce que nous exigeons n’est rien de plus que le droit de suivre notre conscience comme nous vivons de notre enseignement. Ce droit ne se réduit pas à la possibilité que nous avons d’aller à la Messe le dimanche ou de prier le Rosaire à la maison. Il s’agit de savoir si nous pouvons apporter notre contribution au bien commun de tous les Américains (…) Sans la liberté religieuse, convenablement comprise, tous les Américains souffrent car ils sont privés des contributions essentielles en matière d’éducation, de santé, de soin, d’alimenter ceux qui ont faim, de droits civiques et de services sociaux, contributions qu’apportent chaque jour les Américains qui ont une religion.
Ce qui est en jeu c’est de savoir si l’Amérique continuera à disposer d’une société civile libre, créative et solide, ou si seul l’État décidera qui peut être appelé au bien commun et comment il faut le faire.