Il ne faudra sans doute pas attendre longtemps avant que ne soit goulûment diffusés sur le web francophone les résultats d’une étude américaine qui présente le risque de mourir pendant l’accouchement ou de ses suites comme 14 fois plus élevé comme celui lié à l’avortement légal aux Etats-Unis. Il n’y a pas de hasard : l’information a été publiée aux Etats-Unis au lendemain de la Marche annuelle pour la vie à Washington DC. Histoire de ridiculiser une fois de plus les centaines de milliers de personnes qui rejoignent cette March for Life, en se gardant bien de rappeler que l’avortement tue 100 % du temps, et parfois deux fois lorsque la mère meurt aussi…
L’idée est en même temps de dénoncer toutes les mesures légales prises récemment dans différents Etats pour obliger les médecins à avertir les candidates à l’avortement des risques qu’elles courent sur le plan de la santé physique et mentale, et « pire » encore du point de vue du lobby de l’avortement, de la récente loi texane, rendue opérationnelle par plusieurs décisions de justice, qui contraint les médecins à faire écouter battre le cœur de l’enfant à naître avant l’intervention, de permettre à la femme de le voir à travers l’échographie, et de décrire son état de développement.
On cherche maintenant à montrer que ce devoir d’information se focalise sur des risques marginaux en forçant une sorte de raisonnement par l’absurde : si l’accouchement est plus dangereux que l’« IVG », pourquoi ne pas obliger les médecins à en avertir leurs patientes ? Cela n’est pas dit – les commentateurs de l’étude s’en défendent même en rejetant cela comme « ridicule » – mais c’est la logique de l’affaire, avec ce corollaire : il est absurde d’obliger à parler de risques bien inférieurs.
Les chiffres sont ceux d’Elizabeth Raymond de Gynuity Health Projects de New York City et du Dr David Grimes de la faculté de médecine de l’Université de la Caroline du Nord : entre 1998 et 2005, sur 11.000 naissances, il y a eu une mort maternelle, tandis qu’une femme sur 167.000 est morte de l’avortement légal. Les chercheurs estiment que cela est « normal » : puisque la grossesse a plus de temps de se développer jusqu’à l’accouchement, il y a davantage de temps pour que des complications surgissent.
L’agence Reuters a appelé au secours de cette étude deux spécialistes indépendants : le Dr Anne Davis, de la Columbia University, « ravie » de voir que cette information « aidera à dissiper la désinformation et les mensonges » sur le lien entre avortement et cancer (on se demande bien où est le lien), et Dr Bryna Harwood de l’Université de l’Illinois, qui a redit son irritation de se voir « empêchée » par des règlements étatiques d’informer ses patientes comme elle l’entend.
C’est dire si ces deux « experts » sont elles-mêmes partisanes de l’avortement : LifeNews nous apprend qu’Anne Davis est une plume habituelle du blog pro-avortement RH Reality Check et ancien membre du bureau des Physicians for Reproductive Choice and Health (médecins pour la santé et le choix reproductifs) ; Bryna Harwood, quant à elle, faisait partie de la même association et pratique elle-même des avortements.
Les auteurs de l’étude ont un palmarès encore plus chargé. Le Media Research Institute – organisme de veille sur les partis-pris « libéraux » des grands médias américains – signale que David Grimes était en 1990, selon le Los Angeles Times, l’un des principaux collaborateurs américains aux recherches qui ont abouti à la fabrication du RU 486, le « pesticide humain », et qu’il a voté contre les restrictions imposées à la procédure particulièrement barbare d’« avortement par naissance partielle ».
Paul Wilson, auteur de l’article, poursuit : Elizabeth Raymond considère l’avortement comme « la pièce maîtresse des questions de santé des femmes » aux termes de sa propre biographie officielle. Gynuity Health Projects, qui l’emploie, se voue à la promotion de l’accès facile aux nouvelles techniques de la santé reproductive : par exemple, en décembre dernier, en organisant des sessions au Mexique pour enseigner aux « fournisseurs mexicains » l’avortement médical au mifepristone.
LifeSite signale que Raymond et Grimes font tous deux partie de Family Health International, une organisation qui assure la promotion de la distribution sans ordonnance de la « contraception d’urgence ».
Il est difficile dès lors de parler d’une étude vraiment indépendante, ou d’une information d’agence donnée de manière équilibrée en présentant tous les points de vue…
LifeNews, de son côté, cite une très importante étude menée en 2010 sur des certificats de décès montre que parmi les femmes enceintes, le taux de mortalité est 2 à 4 fois plus élevé chez celles qui avortent que chez celles qui mettent leur enfant au monde. Une étude fondée sur la réalité et qui permet d’échapper dans une certaine mesure aux incertitudes liées à la sous-déclaration des avortements et aux manœuvres pour maquiller les décès maternels qui leur sont liés et dont les avorteurs seraient tenus pour responsables.
Il est constant aussi que les pays avec les lois d’avortement les plus restrictives sont en général parmi ceux qui affichent les plus bas taux de mortalité maternelle (voir ici) : un taux qui augmente au contraire aux Etats-Unis.
LifeSiteNews, sous la plume de Kathleen Gilbert, porte l’attention sur un autre aspect non moins important de la santé maternelle : les effets de l’avortement sur le long terme.
Le Dr Mary Davenport, president de l’American Association of Pro-Life Ob/Gyns, a réagi auprès du site pro-vie en disant que l’avortement n’est pas sans danger « si l’on tient compte du long terme ». « Ils n’ont parlé que de mort immédiate. Si vous faites vraiment les calculs, on constate un taux bien supérieur de comportements à risque », comme les tentatives de suicide ou la toxicomanie, parmi les femmes ayant avorté.
Gerard Nadal, microbiologiste, a déclaré de son côté au micro de LifeSite que les données de l’étude ne tiennent pas compte des dommages physiques subis par les femmes à l’occasion de l’avortement : dommages aux organes reproductifs qui induisent un plus fort taux de complications au cours d’une grossesse subséquente, voire la stérilité, et le risque accru de cancer du sein que les naissances, elles, font diminuer.
Pour Angela Lanfranchi, chirurgien et spécialiste du cancer du sein, il est à l’heure actuelle impossible d’avoir des chiffres exacts sur l’avortement ; à défaut de ces statistiques, comprend-on, l’étude de Raymond et Grimes ne peut refléter la réalité.
A quoi il faut ajouter les dommages psychologiques et spirituels de l’avortement : des souffrances dont on n’a pas encore pris toutes la mesure sur la durée.
Ahurissante cette déclaration. En France dans notre environnement professionnelle, de voisinage et familier, nous connaissons plutôt 14 femmes ayant avorté qu’une femme morte en couche ou ayant perdu son enfant en couche. Et sans faire de statistiques. Et même au XIXème siècle la mortalité enfantine et des mères, était inférieure à ce que représente les non naissances liées de la contraception et des avortements.
L’on peut vraiment faire tout dire aux statistiques!