Le sujet n’est pas directement religieux, mais il concerne quand même les catholiques français qui bénéficient d’un important réseau d’écoles diocésaines et indépendantes. Dans un ouvrage publié par les éditions du Cerf (propriété des Dominicains), le professeur Jean de Viguerie, historien des Lumières et de l’éducation (il a consacré sa thèse à ce sujet) s’attaque à l’utopie des pédagogues qui, d’Erasme (oui, cela remonte loin) à l’inévitable Philippe Meirieu, détruisent les enfants qui leurs sont confiés. C’est une sorte de petit musée des erreurs à éviter que propose Jean de Viguerie.
A sa façon, claire et argumentée, s’appuyant sur une philosophie réaliste (c’est un ancien élève du thomiste Louis Jugnet) et une foi solide, il aborde les erreurs d’Erasme, Coménius, des pessimistes, de Locke, de Jean-Jacques Rousseau, de Condorcet, de Victor Considérant, des chantres de l’« éducation nouvelle » et termine par Philippe Meirieu, toujours en place aujourd’hui. De manière différente, avec des accents divers, s’appuyant parfois sur des intuitions justes mais non ordonnées, ces hommes ont pour point commun de proscrire les véritables moyens d’apprendre, ceux qui tiennent compte de la nature de l’enfant, pour les remplacer par des théories souvent fumeuses qui transforment les enfants en sujet d’expérimentation.
A l’intelligence innée, au rôle primordiale de la mémoire, à la soif d’apprendre, les utopistes de l’éducation préfèrent annoncer la réussite de tous par l’auto-enseignement de l’élève qui doit faire émerger de lui-même la matière même de son apprentissage. Pour Jean de Viguerie, l’échec actuel de l’Éducation nationale repose sur le règne absolue de l’utopie pédagogique qui s’empare de l’enfant, « le façonne et le manipule ». En dénonçant les causes de cet échec, l’auteur nous montre que l’on pose le premier pas en vue d’une libération. Jean de Viguerie note d’ailleurs que l’émergence de plus en plus importante des écoles indépendantes est un premier facteur de cette libération. Un livre essentiel, à lire absolument.
Les Pédagogues, essai historique sur l’utopie pédagogique, Le Cerf, 160 pages, 14€.
n déplore aujourd’hui en France et dans bien d’autres pays la faillite de l’éducation officielle.
Jean de Viguerie, dans cet essai, éclaire parents et professeurs sur les origines du désastre.
Les principaux responsables sont les pédagogues.
Les innombrables réformes de l’enseignement, accomplies par les pouvoirs publics depuis un demi-siècle, ne représentent que la cause immédiate.
Les pédagogues contemporains bien connus, Freinet, Ferrière, Piaget, Meirieu, se réfèrent toujours à ceux des siècles passés, comme Érasme, Comenius et Jean-Jacques Rousseau.
Le système utopiste, mis au point au cours du temps, est devenu aujourd’hui doctrine d’État et réglemente l’enseignement dans une grande partie du monde.
On doit en démasquer le mensonge.
L’utopie pédagogique annonce la « réussite de tous » mais, en même temps, elle proscrit les véritables moyens d’apprendre et dévalue le savoir.
Elle se targue de placer l’enfant au coeur du système scolaire – l’enfant « sujet » et non « objet » – mais en même temps elle lui refuse l’intelligence innée, la mémoire et l’appétit de savoir.
Elle s’empare de lui, le façonne et le manipule. Toute la faillite vient de là.
Libérons l’enfant de sa tutelle oppressive en en dénonçant l’utopie.
Sur Livres en Famille : http://www.livresenfamille.fr/p5306-jean_de_viguerie_les_pedagogues.html