Le Nouveau Présent a interrogé l’auteur d’une enquête sur les chiffres du denier du culte dans les diocèses de France, parue dans Liberté Politique à la rentrée de septembre. Il s’agit de la seconde enquête après une précédente en 2023. Elle témoigne d’une forte chute du denier du culte, notamment dans les grandes villes, qui ne cesse de s’accroitre, mais aussi d’une opacité persistante des diocèses sur leur comptabilité et leurs recettes. Quelques extraits :
« En 2023, pour recueillir les données sur le denier de l’Église, nous avons tenté de contacter directement chaque diocèse français par téléphone ou par courriel, mais cette méthode s’est révélée peu efficace. De nombreux diocèses étaient injoignables ou refusaient de communiquer leurs chiffres, témoignant d’un manque de transparence. Pour y remédier, nous avons analysé les comptes des associations diocésaines publiés au Journal officiel. Ces comptes fournissaient parfois des données détaillées sur le denier, mais celles-ci étaient souvent agrégées avec d’autres « dons manuels ».
Bien que plus fructueuse, cette approche a été affinée en 2024 en privilégiant pappers.fr, un site d’information légale, juridique et financière créé en 2020, car les comptes étaient rarement disponibles au Journal officiel. Comme en 2022, de nombreux diocèses omettent de publier le montant précis du denier, et la présentation des comptes varie selon les cabinets comptables ou les années. Ce manque de clarté rend notre tableau de données incomplet, révélant une opacité persistante. Certains diocèses compensent cette lacune par des campagnes médiatiques mettant en avant leurs difficultés financières et la baisse du denier. Nos analyses reposent sur environ un tiers des chiffres disponibles et sur les communications officielles, malgré ces contraintes« .
Baisse du denier dans les grandes villes et dans les campagnes
« Le constat est alarmant. En 2023, le denier de l’Église se portait bien, mais cette situation s’expliquait par un phénomène de compensation dans le contexte de la crise sanitaire. Les donateurs catholiques, plus généreux, ont compensé l’absence de quêtes, interrompues par la fermeture des églises, en augmentant leurs contributions au denier. L’Église a également bénéficié d’une déduction fiscale temporaire, passée de 66 % à 75 % pour cet exercice ».
« En 2025, on observe une chute significative du denier, une tendance qui devrait se prolonger avec le vieillissement des fidèles. La fermeture des églises a entraîné une perte de pratiquants, particulièrement marquée dans les campagnes, où l’hémorragie de la pratique religieuse conduit à des regroupements de paroisses. Le tableau n’est guère plus encourageant en milieu urbain : dans les quatre premières villes de France (Paris, Lyon, Marseille et Toulouse), le denier est en baisse. En revanche, les diocèses d’Île-de-France, hors Paris, se portent bien ».
Les scandales d’abus et les tensions avec les traditionnalistes pèsent sur le denier : les fidèles ne donnent plus aux diocèses
« Le principal facteur de la baisse du denier est sans doute le vieillissement de la population pratiquante. La diminution de la pratique religieuse, particulièrement marquée après la crise sanitaire, a également pesé sur les contributions.
Les scandales d’abus sexuels ayant ébranlé l’institution, ainsi que leur gestion calamiteuse avec le rapport Sauvé, ont probablement contribué à cette baisse. Les tensions entre certains évêques et les catholiques traditionalistes ou jugés trop conservateurs ont pu accentuer ce désengagement. Enfin, les communautés et fraternités indépendantes des diocèses, telles que la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre ou la Communauté Saint-Martin, semblent gagner en popularité et inspirer davantage confiance que les évêchés. Ces structures bénéficient vraisemblablement d’un report des dons, au détriment du denier diocésain« .
