Sept ans après que l’abbé François Martial ait reconnu – en 2018 – des abus commis sur un élève du collège catholique saint Front où il était surveillant d’internat dans les années 1970, le diocèse de Périgueux a fini par suspendre officiellement l’abbé, âgé de 84 ans et déjà en retrait de la plupart de ses activités d’alors, et ouvrir un procès canonique. Mieux vaut tard que jamais…
La presse locale rappelle à son sujet : « figure du Bergeracois, l’homme d’Église était surveillant d’internat dans cet établissement, avant d’officier à l’église Saint-Jacques de Bergerac et d’être président de l’association WIT, qui organise des spectacles, notamment au centre culturel Michel Manet de Bergerac. Le prêtre a depuis été progressivement écarté oralement de ses fonctions religieuses et associatives, mais il continuait d’intervenir à l’Ehpad de la Madeleine, à Bergerac« .
Mgr Mousset explique, sans vraiment convaincre, pourquoi avoir attendu tout ce temps : « On ne peut pas faire de jugement sans qu’il n’y ait une instance qui puisse faire cette enquête préliminaire en vue d’un procès canonique. C’est suite au rapport Sauvé de la Ciase [Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, ndlr] fin 2021 que nous avons pris cette décision. Parmi les préconisations, il y avait la création de cette instance pénale canonique nationale, qui est devenue opérationnelle en 2023-2024, et c’est auprès d’elle qu’on pouvait ouvrir une enquête préliminaire en vue d’un procès canonique, et qui me donne la possibilité de faire un décret qui retire l’abbé Martial le temps de cette procédure ».
Après les aveux du prêtre en 2018, Mgr Mousset explique avoir agi à l’époque : “depuis cette date, nous lui avons retiré tout son ministère public, les messes dominicales, ses activités avec la pastorale des jeunes, les paroisses, les maisons médicales. Il lui restait seulement son ministère auprès de l’EHPAD La Madeleine à Bergerac”, détaille l’évêque Philippe Mousset.
Après cet aveu, l’ecclésiastique avait signalé les faits au procureur de la République, qui avait classé le dossier sans suite en raison de la prescription des faits vieux de 48 ans. La victime mineure, elle, n’avait pas porté plainte. Elle est aujourd’hui décédée d’après l’évêché« .
L’enquête canonique devrait aussi permettre d’établir s’il y a d’autres victimes.
Communiqué du diocèse de Périgueux :
L’abbé Martial, âgé de 84 ans aujourd’hui, a été mis en cause pour avoir agressé sexuellement une personne mineure, il y a plus de 50 ans. Cette personne victime est depuis décédée. Un signalement auprès du Procureur a été classé sans suite. Une procédure canonique a été initiée. En attendant les conclusions de celle-ci, l’abbé Martial a été relevé de tout ministère public, ce qu’il a accepté.
Si les faits sont très anciens, il est nécessaire de reconnaître la souffrance qu’ils ont causée et d’être en vérité. Le travail de justice de l’Église pourra y participer. L’abbé Martial le souhaite aussi.
Je prie pour cette personne victime aujourd’hui décédée. J’ai conscience de la peine qu’auront les paroissiens qui ont pu apprécier le ministère du Père Martial. Je les invite à rester unis dans la prière.
Comme nous l’a rappelé récemment le Pape Léon XIV, engageons-nous à « bâtir des communautés où la dignité de chaque personne, spécialement celle des mineurs et des plus vulnérables, soit protégée et promue. »
Je rappelle l’existence d’une Cellule d’écoute dans notre diocèse pour recueillir la parole de ceux qui le souhaitent. Vous pouvez la contacter à l’adresse courriel suivante : [email protected]
Périgueux, le 21 novembre 2025
+ Mgr Philippe MOUSSET
Évêque de Périgueux et Sarlat
