A travers la presse locale, des écoles sous contrat de l’enseignement diocésain ferment à travers toute la France, le plus souvent sur fond de déprise démographique et de volonté d’économies des directions diocésaines – pour les villages où elles sont, cela signifie encore moins d’activité, et une institution de plus qui les abandonne. A la rentrée 2025/26, plusieurs d’entre elles n’ont pas rouvert – le recensement n’est pas exhaustif :
- Montrevault (diocèse d’Angers), l’école Notre-Dame ouverte il y a 130 ans ne comptait plus que 24 élèves; insuffisant pour poursuivre.
- Eymet (diocèse de Périgueux), l’école Notre-Dame ouverte il y a 150 ans et qui accueillait des élèves de Dordogne et du Lot-et-Garonne ne rouvrira pas à la rentrée; les parents affirment ne pas avoir été prévenus et se sont opposés sans succès à la décision.
- Les Montils (diocèse de Blois), l’école ferme, le maire dénonce un « coup dur » pour le village, le diocèse la justifie par la baisse du nombre d’élèves.
- Saint-Nicolas du Pélem (diocèse de Saint-Brieuc), l’école « en sursis depuis plusieurs années » a fermé en juin 2025 après n’avoir enregistré que 21 inscriptions pour la rentrée suivante
- A Saint-Thélo, toujours dans le diocèse de Saint-Brieuc, l’école privée va fermer en janvier 2026 pour être regroupée avec l’école voisine au Quilio.
- Arrou (diocèse de Chartres), fermeture de l’école saint Joseph ouverte depuis 1892, faute d’élèves, seuls 13 étaient inscrits pour la rentrée suivante
- La Ferté Bernard (diocèse du Mans), fermeture du lycée Saint-Paul fondé en 1989 qui ne comptait plus que 34 élèves; l’établissement public de la commune dépasse les 1000 élèves
- Mauves (diocèse de Viviers), fermeture de l’école du Sacré-Coeur qui comptait 60 élèves dont 31 de Mauves, qui devront être scolarisés dans le public. Le fait que l’actuel évêque de Viviers, Mgr Giraud, y ait été scolarisé ne l’a pas sauvée, pas plus que l’indignation des parents d’élèves et de la municipalité.
- le diocèse d’Arras a fermé deux écoles, la Providence de Pas-en-Artois (33 enfants), sauvée par la mobilisation des parents en 2016 et Notre-Dame de Pernes en Artois (28 enfants), faute d’élèves et d’une situation financière stable.
- Castres (diocèse d’Albi), fermeture annoncée de l’école Sainte-Marie le Calvaire pour être regroupée avec Notre-Dame, suite à la baisse démographique. Fondée par les soeurs du couvent Bleu, cette école avait près d’un siècle.
- Tourcoing (diocèse de Lille) : après la fermeture de deux écoles l’an dernier -et neuf en tout dans le Nord), ce sont les OGEC des écoles restantes qui fusionnent
- Cayeux-sur-Mer (diocèse d’Amiens) : l’école privée Saint Joseph ferme en juin 2025
- Doullens (toujours dans le diocèse d’Amiens) : le lycée privé Montalembert ferme du fait d’une grande baisse d’effectifs, mais pas le collège voisin : « En 2012, nous avions 423 élèves dans 18 classes ; pour la rentrée 2025, on prévoyait 83 élèves dans trois classes différentes, une classe par niveau ».
Un collège de 300 élèves en déficit chronique fermé à Lisieux, les élèves invités à se reporter vers le public
Des établissements plus conséquents sont aussi concernés comme à Lisieux (diocèse de Bayeux-Lisieux) où le directeur de l’enseignement catholique, commun aux diocèses de Sées et de Bayeux, a annoncé la fermeture à la rentrée 2025 de l’école et du collège La Salle de Lisieux, au « patrimoine vétuste » et « sous perfusion économique » faute d’un nombre suffisant d’élèves; ceux-ci – 178 en primaire et 138 au collège dont une classe ULIS sont invités à se reporter vers le public (!).
Le directeur de l’enseignement catholique a expliqué que le réseau de collèges et d’écoles a perdu 350 élèves en dix ans, que l’OGEC ne payait plus son loyer depuis quatre ans, que l’établissement était déjà en cessation de paiements il y a 18 ans, et qu’il souffre d’autres fragilités : » [il] est en déficit chronique depuis une dizaine d’années, nous arrivons au bout de ce que nous pouvons supporter. Le troisième élément est bâtimentaire : nous avons un bâti assez vétuste, et nous sommes dans l’incapacité de supporter les investissements nécessaires pour penser les 20 prochaines années à Saint Jean-Baptiste de la Salle« .
Des regroupements à prévoir dans les Ardennes
En revanche le diocèse de Reims-Ardennes a rassuré pour cette rentrée : rien n’est décidé pour l’école La Salle de Sedan, malgré une baisse démographique. Cependant le directeur de l’enseignement catholique reconnaît au micro de la radio locale que des fermetures ou des regroupements sont à venir : « contacté, le directeur Interdiocésain de l’enseignement catholique évoque des pistes de réflexion de restructuration , comme dans de nombreuses villes en Champagne-Ardenne : Reims , Charleville-Mézières ou encore Sedan, en raison de la baisse démographique. Comme l’enseignement public , le privé va donc devoir trouver des solutions dans les années à venir« .
Saumur : l’OGEC de l’école saint Nicolas s’oppose à la DDEC 49
A Saumur, l’OGEC 49 veut regrouper plusieurs les écoles privées sur un même site à Saint-Hilaire saint Florent, et fermer l’école Sainte-Anne de Bagneux dès 2025, mais l’OGEC de l’école saint Nicolas, que la tutelle voit fermer en 2027, a pris le contre-pied dans la presse locale :
« Notre école ne pourrait fermer en 2027 que si le campus de Saint-Hilaire est sorti de terre et prêt à accueillir plus d’enfants que l’Abbaye actuellement. Or, pour l’heure, les terrains ne sont même pas encore achetés ; une information confirmée dans les derniers jours de 2024 par le service urbanisme de la Ville de Saumur. Le projet de campus a besoin d’environ 15 000 m², mais les sœurs de la congrégation Jeanne Delanoue, propriétaires, disposent de près de 38 000 m² et ne souhaitent pas vendre en plusieurs lots. Aussi, les porteurs de projet, qui n’ont pour l’heure qu’un accord de principe, ont avoué dans le Courrier de l’Ouest que « rien n’est acté » et que les négociations, « en cours, prennent du temps ». Ils sont par ailleurs toujours à la recherche de partenaires financiers pour investir dans ce grand ensemble.
Ensuite, il faudra encore conclure la vente et présenter un projet soumis à de nombreuses contraintes puisqu’il devra notamment être approuvé par l’Architecte des bâtiments de France (ABF). Viendra ensuite le temps des appels d’offres, le choix des entreprises et la construction. Un temps que l’on peut aisément estimer en années, d’autant plus que les retards sont inévitables lorsqu’il s’agit d’un chantier d’une telle ampleur. Sans oublier les aléas et possibles mises en pause en fonction des hausses des coûts des matériaux ».
Enfin l’école se porte comme un charme : « nous sommes une petite école de centre-ville, accessible, à taille humaine, avec de petits effectifs, offrant une éducation bienveillante et différenciée, ce qui est recherché par de nombreuses familles, fuyant les grosses structures et les classes surchargées. Nous avons la chance d’avoir un parking juste devant l’école, une MAM (Maison d’assistantes maternelles) en face et une crèche publique à 150 mètres. Nous sommes la seule école bilingue anglais et avons signé un contrat d’exclusivité sur le territoire du Saumurois avec notre partenaire ». Pour fermer l’école, « il faut, par exemple, invoquer un problème de sécurité des bâtiments qui engendrerait la mise en danger des enfants ; des problèmes économiques ; l’absence de chef d’établissement ; ou encore des problèmes d’effectifs. Non seulement, nous ne sommes concernés par aucun de ces points, mais notre école est pleine à 95 % et nos effectifs continuent d’aller croissant.
