Lettre de Mgr Le Saux, évêque d’Annecy :
« Il nous a aimés ». C’est par cette affirmation, tirée de la lettre de saint Paul aux Romains, que le pape François débute son encyclique sur le Sacré Cœur. Il nous rappelle que rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ. « Son Cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié. »
Le Cœur de Dieu se penche sur la souffrance, la misère, le péché de l’homme, pour le consoler, le guérir et le rétablir dans la communion avec lui et avec ses frères et sœurs. L’Amour de Dieu en Jésus va jusqu’à prendre sur lui ce qui, dans l’homme, le détruit, pour lui manifester un amour plus grand encore. Amour qui, sur la croix, va jusqu’à l’extrême, qui va jusqu’à tirer le bien du mal. Le Cœur transpercé du Christ sur la croix devient source jaillissante de la Vie éternelle, source de la véritable Espérance.
En cette année jubilaire, année sainte, année de l’Espérance, laissons-nous aimer et renouveler dans la charité pour devenir témoin de l’Espérance.
À la lumière de la lettre du pape François, pour signifier que le Cœur transpercé du Christ sur la croix reste toujours ouvert à tous et pour que nos propres cœurs soient transformés par la charité, je souhaite consacrer de manière particulière et publique notre diocèse au Cœur de Jésus, à la suite de saint François de Sales, Docteur de l’Amour divin ; placer dans le Cœur de Jésus tous les habitants de Haute-Savoie, tous ceux qui cherchent Dieu, tous les catéchumènes, tous les baptisés, toutes les familles, les enfants, les personnes âgées, les prêtres, les diacres, les consacré(e)s. Que nous soyons gardés dans l’Amour de son Cœur, que nous soit accordée une charité plus grande, que nous soyons gardés dans l’unité.
Cet acte de consécration, cette démarche, se situe dans la longue Tradition de l’Église qui invite les fidèles, les familles et les communautés à se confier au Cœur du Christ.
Cette Tradition a son origine dans l’expérience de saint Jean qui a reposé sur la poitrine du Christ et qui, au pied de la Croix, a contemplé le Cœur transpercé.
Elle se perpétue ensuite chez les Pères de l’Église – qui ont médité sur la signification du côté transpercé de Jésus – chez sainte Gertrude, sainte Catherine de Sienne – et ceux qui ont fait l’expérience de la transformation de leur cœur. Puis à l’école de saint François de Sales, de sainte Jeanne de Chantal, de sainte Marguerite Marie – témoin des apparitions de Paray-le-Monial – de saint Claude La Colombière – apôtre de la confiance – de sainte Thérèse de Lisieux, de saint Charles de Foucauld, de sainte Mère Teresa de Calcutta – et de tous les fondateurs de congrégations missionnaires.
Consacrer nos vies personnelles, nos communautés, nos paroisses, nos mouvements au Cœur du Christ, c’est une manière d’adhérer, de façon renouvelée et déterminée, à notre consécration baptismale, nous remettre ensemble à la Miséricorde de Dieu avec une confiance absolue. Le Concile Vatican II dit : « Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d’homme, il a réfléchi avec une intelligence d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. » Dieu aime humainement. Il nous a manifesté, par son Cœur, sa bonté et sa compassion. Il est devenu pour nous un modèle, nous pouvons apprendre de lui à aimer. « Auprès du Cœur du Christ, le cœur de l’homme reçoit sa capacité d’aimer », disait Jean-Paul II. Par cette consécration, nous demandons ensemble que soit accordé à nos communautés un surcroît de fraternité et de charité, comme l’exprime saint Paul : « Que nous ayons les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus, les mêmes dispositions, le même amour, que nous ayons assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à nous-mêmes. »
Le 29 novembre prochain, lors de la Journée Jubilaire du diocèse à la Rochesur-Foron, après la célébration finale, je consacrerai, de façon simple et modeste, notre diocèse au Cœur doux et humble de Jésus. Pour conclure, je reprends les mots du pape François :
« Je prie le Seigneur Jésus-Christ que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d’eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d’aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. Et ce, jusqu’à ce que nous célébrions ensemble, dans la joie, le banquet du Royaume céleste. Le Christ ressuscité sera là, harmonisant nos différences par la lumière jaillissant inlassablement de son Cœur ouvert. Qu’il soit béni ! »
Mgr Yves LE SAUX Evêque d’Annecy