Mgr Christory, évêque de Chartres, a été interrogé sur Zénit. Il y parle de son diocèse (23 paroisses, 45 prêtres) et il est interrogé sur le pèlerinage de Chrétienté :
Un autre enjeu peut-être : vous accueillez le monde traditionaliste en pèlerinage chaque année. Comment voyez-vous la suite avec Notre-Dame de Chrétienté ?
Depuis que je suis évêque, j’ai fait le choix d’y participer le dimanche après-midi en côtoyant ces pèlerins. Je marche avec plusieurs chapitres qui me passent le micro et me posent leurs questions. Je vois des jeunes très divers qui sont heureux d’être catholiques et d’être ensemble. Le dimanche soir, je dîne avec un chapitre, et nous échangeons sur des questions-réponses très ouvertes. Cette année, j’ai rappelé que, dans un diocèse, l’évêque a l’autorité apostolique et que la liturgie appartient à l’autorité apostolique et non pas à une association, quelle qu’elle soit. J’ai donc écrit au président de Notre-Dame de Chrétienté quinze jours avant le pèlerinage, en confirmant que je serai bien présent et en rappelant que la forme liturgique habituelle est la forme actuelle de l’Église, c’est-à-dire le nouvel ordo saint Paul VI. Mais que pour le bien de certains fidèles qui aiment la liturgie tridentine, j’autoriserai volontiers les prêtres qui m’en feraient la demande de célébrer sur mon territoire le vetus ordo, le dimanche et le lundi. Le problème est que l’association ne veut pas que les prêtres célèbrent dans la forme actuelle de l’Église, en ce qui concerne la confession et la messe privée du matin. Ce qui ne correspond pas à sa légitimité. Je n’ai rien voulu bloquer, cependant j’ai remis dans l’ordre les choses, tout en confirmant que la messe du lundi de Pentecôte serait bien célébrée au grand autel de Chartres selon le rite tridentin. J’aimerais que ce pèlerinage, qui accueille des gens très différents et pas forcément des traditionalistes, accepte que des prêtres puissent célébrer dans la forme de l’Église, s’ils le désirent. Je pense que ce serait un signe d’ouverture de la part des organisateurs. J’espère aussi que le pape Léon XIV va œuvrer dans le sens de la communion de l’Église : c’est son désir en tous les cas.
Il est utile de rappeler ce que disait l’association dans son manifeste publié avant le pèlerinage :
Une certaine simplification médiatique laisse à croire que toute la question se résumerait à autoriser ou non certains prêtres à célébrer le Novus Ordo pour leurs messes personnelles au pèlerinage. Mais en fait, ce n’est pas d’abord de cela dont il s’agit. Les courriers reçus par l’association sont très clairs : il nous est demandé de transformer en profondeur l’esprit de notre pèlerinage traditionnel, en faisant du Novus Ordo la norme, et du Vetus Ordo l’exception tolérée, soumise à l’autorisation de l’évêque du lieu ou du dicastère pour le culte divin. Or, c’est cette même mutation qui est exigée depuis quatre ans à toute notre famille spirituelle que l’on désigne (assez mal d’ailleurs) par le mot de « traditionalistes ». Car il faut replacer cette récente polémique, qui peut sembler anecdotique pour beaucoup, dans la perspective d’autres évènements que nous avons refusé de médiatiser pour ne pas durcir le dialogue que nous espérons avoir avec les autorités hiérarchiques. Cette année, pour le pèlerinage de Chartres comme pour de nombreux pèlerins venus de toutes nos provinces, des restrictions à l’usage de la liturgie tridentine se multiplient pour endiguer l’élan formidable des apostolats qui veulent œuvrer au service de l’évangélisation missionnaire des régions de France. […]