L’enseignement diocésain de Nantes a communiqué le 23 septembre sur le nombre de personnes victimes d’abus qui l’ont contacté, à la veille des publications dans la presse locale et nationale sur la constitution du collectif des victimes d’abus de Saint-Stanislas.
Selon le communiqué du diocèse, 87 témoignages ont été reçus depuis la conférence de presse, dont 63 pour saint Stanislas – lors de la conférence de presse fin août le diocèse affirmait avoir connaissance de dix victimes, dont trois décédées, ce qui porte à 73 le nombre total de victimes connues à saint Stanislas à ce jour, chiffre qui n’est bien probablement pas définitif, hélas. « C’est le double des victimes connues à Chavagnes en Vendée, ce chiffre est vertigineux », témoigne un membre du collectif des victimes de Saint-Stanislas.
Ce collectif s’appuie sur un groupe Facebook privé – Saint-Stanislas victimes de l’institution, pour collecter les témoignages et libérer la parole. Il a étendu son action aux abus commis dans les autres établissements de l’enseignement catholique en Loire-Atlantique.
Un professeur religieux de Saint-Stanislas en poste ensuite dans plusieurs paroisses du diocèse : le collectif demande au diocèse d’organiser un appel à témoignages
Un des religieux professeurs en poste à Saint-Stanislas dans les années 1960-70 et qui y a commis des abus en confessions sur des élèves de primaire a ensuite été en poste dans plusieurs paroisses de Loire-Atlantique – il s’agit de l’abbé Moïse Bugeau. « D’après les témoignages reçus sur le groupe, il a fait au moins six victimes à saint Stanislas, dont deux sont aujourd’hui décédées. Il est plus que urgent que le diocèse de Nantes fasse un appel à témoignages dans ses anciennes paroisses de Vertou, Arthon, Frossay, la Roche Blanche et Mésanger ne serait ce que pour lever le doute et permettre aux éventuelles autres victimes de se faire connaître – il est fort probable qu’il ait continué ses abus en confession même après avoir quitté saint Stanislas« , réagit encore le collectif.
L’Externat, Vertou, Rezé… la parole se libère
Bien que le diocèse de Nantes se soit bien gardé de communiquer desquels établissements viennent les victimes, selon nos informations, dans les derniers témoignages reçus se trouvent des victimes de l’enseignement catholique à Vertou, Rezé, l’Externat des enfants nantais, ou encore l’école primaire Saint-Félix.
Ils s’ajoutent aux établissements où des abus ont déjà été signalés ou sont connus, comme le petit séminaire de Guérande (avant 1966), l’établissement des apprentis d’Auteuil à Angreviers (années 1970-80), ou encore l’école d’Issé tenue par les frères de saint Gabriel.
Le collectif des victimes de Saint-Stanislas réagit à ces nouveaux signalements : « ce n’est pas étonnant que la parole se libère dans d’autres établissements après saint Stanislas. Nous ne sommes probablement qu’au début du processus de libération de la parole et de manifestation de la vérité, si longtemps enfouie par les institutions.
C’est pourquoi le diocèse de Nantes et la direction diocésaine de l’enseignement catholique doivent arrêter de ne communiquer que sur les affaires publiées par la presse et être »sur le chemin de vérité » comme l’évêque Mgr Percerou l’a dit dans la presse locale et nationale. C’est pourquoi ils doivent assurer la transparence sur l’ensemble des affaires d’abus dans le département, en ouvrant largement leurs archives et en rendant publics les signalements ou les alertes qu’ils ont eu, et ce jusqu’à nos jours.
L’enseignement diocésain et l’évêque de Nantes Mgr Percerou sont devant un choix radical : soit ils prennent le chemin de la vérité, communiquent sur les abus du passé et permettent aux victimes d’être reconnues, soit ils continuent à mentir par omission, mais la vérité se fera jour quand même et tout ce qu’ils gagneront, c’est d’enterrer leur crédibilité sur les abus et celle de l’enseignement catholique« .
Parmi les alertes que le diocèse de Nantes a certainement dans ses archives – le bâtiment administratif de la direction de l’enseignement catholique a certes brûlé, mais en 1986 – la non-réinscription à la rentrée 1998 de 10% de l’effectif des garçons de Saint-Stanislas, rendue publique par la presse locale alors, ou le fait qu’un directeur d’école primaire ait été poussé à la retraite d’office au milieu des années 1990.