Adresse aux pèlerins de Philippe Darantière, Président de Notre-Dame de Chrétienté, lors de la Messe du dimanche de Pentecôte aux Courlis (Rambouillet) :
Amis pèlerins,
Alors que la messe de Pentecôte de ce 43ᵉ pèlerinage de Chrétienté va bientôt commencer, alors que nous sommes 19 000 à marcher, priant d’un même cœur, une fois encore, notre spécificité liturgique fait débat. Une polémique gronde dont l’écho vous est peut-être parvenu. Une polémique bien connue, qui cible non pas le thème de notre marche, mais notre manière de prier, et qui a occupé une large place dans l’espace médiatique catholique ces derniers jours.
Soyons clairs : ce n’est pas qu’une querelle de rites, ce n’est pas un débat d’érudits. Ce qui est en jeu, c’est bien plus profond. C’est une tentative de nous marginaliser en marginalisant la liturgie traditionnelle. Comme si cette liturgie, qui a sanctifié des générations, devait désormais être cachée, tolérée à peine, suspectée souvent, interdite parfois. La pression qui s’exerce sur nous avec force vise à transformer le pèlerinage, faire du nouveau rite sa forme ordinaire et du rite traditionnel une simple exception, l’objet d’une tolérance.
Mais nous ne sommes pas là pour polémiquer. Ce que nous vivons, ce que nous portons, ce que nous défendons, c’est bien plus qu’une forme liturgique. C’est pour nous la langue maternelle de la foi. Nous voulons pouvoir prier dans cette langue, en témoigner et la transmettre. Nous sommes là parce que cette liturgie façonne notre foi, notre rapport à Dieu. Elle est la langue par laquelle nous nous adressons à Dieu et par laquelle Dieu nous parle. Elle nous élève, elle nous construit, elle a nourri des générations de fidèles et elle a sanctifié tant de saints. Par elle, nous voulons vivre au cœur de l’Église, et non pas vivre en marge.
Ce pèlerinage n’est pas un retour en arrière, ce n’est pas un combat nostalgique. C’est un acte de foi. Nous ne rejetons pas la liturgie actuelle, dont nous reconnaissons la validité. Mais nous croyons que l’unité ne passe pas par l’uniformité, surtout quand celle-ci tend à s’imposer au mépris des consciences. L’Église est plus belle quand elle accueille la richesse de ses traditions, comme l’a dit le Pape Léon XIV en s’adressant aux patriarches orientaux il y a peu.
Nous ne demandons pas des privilèges. Nous demandons simplement la fidélité à une promesse : celle faite par saint Jean-Paul II en 1988 à notre famille spirituelle, quand nous avons choisi de rester dans la communion de l’Église, de pouvoir vivre pleinement notre foi, au cœur de l’Église, avec ce rite qui nous est vital. Ce n’est ni un caprice, ni un repli. C’est une fidélité. Une fidélité joyeuse, rayonnante, missionnaire.
Car oui, ce pèlerinage est un signe de vitalité ! Il attire, il suscite des vocations, des conversions, il évangélise. Il est une source d’espérance pour l’Église. Regardez autour de vous : trois jours d’ascèse, de prière, d’enseignement et d’amitié chrétienne, animés par la liturgie traditionnelle. Notre liturgie n’est pas tournée vers le passé, c’est une liturgie qui féconde le présent et qui prépare l’avenir.
Nous ne sommes pas une Église à part. Nous sommes de cette Église, totalement, passionnément, filialement. Et nous voulons y rester. Nous marchons vers le Ciel, avec tous nos frères, dans une même espérance. Nous voulons continuer à avancer, à servir, à transmettre les trésors qui nous ont été confiés et les pédagogies traditionnelles de la foi qui les accompagnent.
Alors, chers amis, ne laissons pas la peur ou la lassitude nous faire taire. Soyons joyeux, fidèles, et missionnaires. Marchons avec confiance, non pour nous replier, mais pour rayonner. Car l’espérance est notre route, et le Ciel notre but.Bonne route à tous, et que Notre-Dame guide notre marche jusqu’au Cœur ouvert de son fils Jésus qui attend notre consécration ce lundi à Chartres !
Philippe Darantière
Président de Notre-Dame de Chrétienté