Sur son blogue, Mgr Paul D. Etienne, archevêque de Seattle, réagit à l’interdiction du secret de la confession dans l’Etat de Washington :
Vers la fin de la session législative de cette année, la législature de l’État de Washington a adopté un projet de loi (SB5375) faisant de tous les membres du clergé des dénonciateurs obligatoires d’abus, sans aucune exemption pour la communication privilégiée entre le prêtre et le pénitent pendant le sacrement de la réconciliation. Cela signifie qu’en vertu de la loi de l’État de Washington, le clergé catholique est désormais tenu de violer le sceau du sacrement de la réconciliation, mieux connu par beaucoup sous le nom de confession. Le vendredi 2 mai 2025, le gouverneur Ferguson a signé le projet de loi.
Ce week-end, à la messe, la première lecture était tirée des Actes des Apôtres. Après que les apôtres ont été arrêtés et jetés en prison pour avoir prêché le nom de Jésus-Christ, saint Pierre répond au Sanhédrin : « Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29). Telle est notre position face à cette nouvelle loi. Le clergé catholique ne peut violer le sceau de la confession, sous peine d’être excommunié de l’Église. Tous les catholiques doivent savoir et être assurés que leurs confessions restent sacrées, sûres, confidentielles et protégées par la loi de l’Église.
L’Église catholique souscrit à l’objectif de protection des enfants et de prévention des abus. L’archidiocèse de Seattle s’engage à signaler les abus sexuels commis sur des enfants, à aider les victimes à guérir et à protéger tous les mineurs et les personnes vulnérables. Nos politiques exigent déjà des prêtres qu’ils soient des rapporteurs obligatoires, mais pas si cette information est obtenue pendant la confession. L’Église catholique des États-Unis s’est engagée à prévenir les abus sexuels depuis de nombreuses décennies, en signalant les cas d’abus aux forces de l’ordre et en coopérant avec les autorités civiles. Dans l’archidiocèse de Seattle, ces efforts ont commencé en 1986.
Bien que nous restions déterminés à protéger les mineurs et toutes les personnes vulnérables contre les abus, les prêtres ne peuvent pas se conformer à cette loi si la connaissance de l’abus est obtenue pendant le sacrement de la réconciliation.
Historique de ce projet de loi depuis trois ans
Diverses formes de ce projet de loi ont tenté de fournir des protections limitées pour les communications privilégiées, mais ces accommodements pour la pratique religieuse ont empêché ce projet de loi d’être adopté au cours des sessions législatives précédentes. Les conversations entre le personnel de la Conférence catholique de l’État de Washington et les législateurs, ainsi que les efforts pour collaborer à une solution à l’amiable, ont finalement échoué au cours de cette session, ce qui a conduit à l’adoption de la version la plus extrême du projet de loi, qui a reçu l’aval du gouverneur. Ce qui avait commencé comme un effort bien intentionné s’est terminé par la signature d’une version problématique et inutile du projet de loi.
Une fois que le projet de loi approuvé a été soumis à la signature du gouverneur, les évêques de l’État de Washington ont demandé une réunion pour discuter de nos préoccupations avec le gouverneur qui, malheureusement, n’a pas répondu à notre demande.
Droits découlant de l’amendement constitutionnel :
Le premier amendement de la Constitution des États-Unis stipule ce qui suit : « Le Congrès ne fera aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice. »
Avec cette loi, l’État de Washington vise spécifiquement le comportement religieux en insérant le gouvernement dans la tradition catholique, à savoir le rituel hautement défini du sacrement de la réconciliation. L’État exige maintenant des prêtres qu’ils violent un élément essentiel du rite, la communication confidentielle entre le prêtre et le pénitent au cours de laquelle l’absolution des péchés est offerte.
Cette loi tente également de supplanter le Code de droit canonique, qui stipule ce qui suit :
Canon 983 : Le sceau sacramentel est inviolable ; c’est donc un crime pour un confesseur de trahir de quelque manière que ce soit un pénitent par la parole ou de toute autre manière ou pour quelque raison que ce soit.
Canon 1388 : Le confesseur qui viole directement le sceau de la confession encourt une excommunication automatique (latae sententiae) réservée au Siège apostolique.
Une fois que l’État s’est arrogé le droit de dicter les pratiques religieuses et de contraindre les informations obtenues dans le cadre de ce sacrement – communication privilégiée -, où se situe la frontière entre l’Église et l’État ? Qu’est-ce que l’État peut encore exiger comme droit de savoir ? Quelles autres pratiques religieuses tentera-t-il de légiférer ? Pourquoi la communication privilégiée entre le prêtre et le pénitent est-elle la seule à être visée ? Pourquoi pas avocat/client ? Médecin/patient ? Les conjoints ?
Cette nouvelle loi singularise la religion et constitue clairement un excès de pouvoir et une politique de deux poids, deux mesures. La frontière entre l’Église et l’État a été franchie et doit être rétablie. Les personnes de toutes les religions de l’État de Washington et d’ailleurs devraient s’alarmer de ce dépassement de pouvoir de la part de notre législature et de notre gouverneur.