La célébration des funérailles, puis l’inhumation du pape François, sont aussi l’occasion de prendre davantage de recul sur le pontificat précédent. C’est le temps de la prière et de la réflexion qui imprègne le travail des congrégations générales qui continuent à se tenir. Ce sera l’occasion d’aborder des situations ecclésiales avec davantage de franchise. Plus on s’éloigne des funérailles, plus on est conduit à prendre progressivement du recul. Prudemment, d’abord, résolument, puis un peu plus franchement. C’est désormais l’heure des interrogations et, inévitablement, du bilan. À Rome, il est de notoriété publique que l’épiscopat mondial est plus dubitatif sur les orientations que certains éléments du Sacré Collège et qu’il y a forcément une demande à l’égard d’une « figure » d’équilibre.
Il y a encore un paquet de non « bregogliens » parmi les cardinaux électeurs
Si la plupart des cardinaux électeurs ont été nommés sous François (108 sur les 133), le « paquet » ratzingérien (22 cardinaux) reste encore fort, accompagné d’un petit appoint « wojtylien » (5 cardinaux). On notera par ailleurs que certains papabili font partie de ces 27 cardinaux nommés sous les prédécesseurs du pape défunt. Enfin, dans les cardinaux nommés par François, il y aussi des cardinaux qui sont plus ou moins éloignés des 80 ans et aussi des personnalités moins marquées par un pontificat fort déroutant.
Des proximités qui interrogent
La proximité de certains cardinaux avec telle figure mise en cause pour des abus peut quand même interroger sur la création de réseaux de soutien. On se doute que le pape défunt à voulu réorienter l’épiscopat américain en s’appuyant sur certaines personnalités. Avec un résultat décevant – les instances dirigeantes de l’épiscopat américain restent, relativement, classiques – et aussi un malaise, comme on l’a vu avec le cardinal McCarrick dont on célébra les louanges juste avant les polémiques révélées en juillet 2018. On connaît la suite: une crise de confiance, assez mal étouffée. La distribution de chapeaux rouges à certains prélats américains en 2016, en 2020, en 2022 et en 2024 n’aura rien changé à l’affaire. Même la création du nonce américain, le cardinal Christophe Pierre, aura davantage été vue comme une rééquilibrage interne à l’espace « bergoglien »,par rapport aux cardinaux Cupich ou Tobin, que comme un coup décisif. Bref, beaucoup de questions se poseront dans les jours à venir.