Dans le cadre de son parcours de Carême Virtus, Claves nous livre une belle méditation en ce premier vendredi de la Passion :
Nous avons médité toute cette semaine sur le mystère du salut, qui commence dans la reconnaissance de notre faiblesse, de la blessure de notre nature avec le péché originel, mais qui se poursuit avec le salut qui nous est offert en Jésus, unique médiateur, transmis par l’Église à travers les sacrements, auquel nous adhérons en revivant le sacrifice de Jésus et en nous, et en nous y unissant à la messe, renouvellement non sanglant du sacrifice de Jésus.
Comment vivre la messe ? Comment revivre avec Jésus sa Passion et son sacrifice dans la messe ? Une proposition qui fut déjà celle de certains Pères de l’église et de certains saints que nous retrouvons dans un petit opuscule du Père Emmanuel du Mesnil-Saint-Loup et que je vous propose de découvrir aujourd’hui, c’est tout simplement de revivre les mystères de la Passion au long de la messe. Accrochons-nous.
Nous commençons lorsque le prêtre entre et qu’il monte à l’autel, lors des prières au bas de l’autel : nous pouvons nous représenter Jésus et nous tenir présents à ses côtés au Jardin des Oliviers dans son agonie alors qu’il accepte une dernière fois de faire la volonté de son père.
Lorsque le prêtre est monté à l’autel, que nous récitons avec lui le Kyrie Eleison et parfois le Gloria, nous pensons à Jésus en son arrestation, en son interrogatoire chez Anne et Caïphe dans cette nuit de captivité.
Lors de la petite prière de la collecte, l’oraison du jour, nous pouvons penser, en priant avec toute l’Église, que malgré son reniement, en cet instant où il est prisonnier chez Caïphe, Jésus se retourne et regarde saint Pierre – et nous regarde – avec amour.
Pendant l’épître, la première lecture, nous pouvons nous remémorer l’interrogatoire de Jésus, le premier interrogatoire par Pilate et par le roi Hérode.
Lors de la lecture de l’Évangile, Nous pouvons nous souvenir que Jésus fut condamné par Pilate, condamné comme étant le roi des Juifs.
Au début de l’offertoire, lorsque le prêtre découvre le calice, pensons à Jésus dépouillé de ses vêtements une première fois par les soldats pour être flagellé.
Lors de l’oblation du pain, alors que le prêtre élève l’hostie, pensons à la flagellation de notre Seigneur. Lors de l’oblation du calice qui suit, Nous pouvons nous remémorer le couronnement d’épines et les outrages que le Seigneur a subis, humiliations pour nos péchés.
Lorsque le prêtre se retourne et nous appelle à la prière, « Orate Fratres… », « priez mes frères… », alors nous pouvons penser à Pilate qui présente Jésus à tout le peuple juif, « Ecce homo », « voici l’homme », et ceux-ci de répondre, et nous malheureusement aussi avec eux, « Crucifie-le ! »
Lors de la grande Préface : « vraiment, il est juste et bon de vous offrir cette action de grâce, Seigneur… », nous pouvons penser aux cris du peuple qui réclament encore la crucifixion de Jésus.
Après le Sanctus, au commencement du canon, nous pouvons penser, alors que le prêtre s’incline sur l’autel, à Jésus qui prend sa croix.
Avant la consécration, lors de l’épiclèse, quand le prêtre étend les mains sur les oblats qui vont devenir le corps et le sang du Christ, nous pouvons penser à Jésus qui étend ses mains pour être cloué sur la croix.
Lors de l’élévation de l’hostie après la première consécration, pensons à Jésus élevé en croix. « Lorsque j’aurais été élevé de terre, avait-il dit, j’attirerais tout à moi. »
Ensuite, lors de l’élévation du calice, contenant son précieux sang, pensons à ce sang de Jésus versé sur la croix.
Après la consécration, dans les prières qui suivent, les prières notamment pour les défunts, pensons aux paroles d’amour que Jésus a continué à distiller, même sur la croix, paroles d’amour pour ses amis, mais aussi pour ses ennemis.
Lors du « Nobis quoque peccatoribus », lorsque le prêtre se frappe la poitrine, « et nous aussi pécheurs », pensons à la conversion du bon larron et à la parole du Seigneur : « Aujourd’hui, je te le promets, tu seras avec moi en paradis. »
Après, la consécration lors de la prière du Notre Père, du Pater Noster, pensons à Jésus qui se tourne vers Saint Jean pour lui dire ces dernières paroles, « Fils, voici ta mère ».
Et enfin, lorsque le prêtre fractionne l’hostie, pensons que Jésus expire en remettant son âme aux mains de son Père.
C’est ensuite la préparation à la communion. Lors de la commixtion, lorsque le prêtre va fractionner l’hostie une nouvelle fois et laisser un petit fragment tomber dans le calice, pensons que l’âme de Jésus descend jusque dans les Enfers pour y délivrer les âmes des justes.
Lors de l’Agnus Dei, lorsque nous nous souvenons de Jésus qui est l’agneau de Dieu, immolé pour enlever les péchés du monde, pensons aux soldats qui percent le côté du Seigneur, dont coulent le sang et l’eau.
Pendant la communion, alors que nous recevons son corps, pensons que, détaché de la croix, Jésus est déposé entre les bras de sa mère.
Lorsque le prêtre fait les ablutions des vases sacrées, nous pouvons nous souvenir de Jésus, embaumé, mis au sépulcre.
Et lors des dernières prières, prière de la communion, prière de la postcommunion, unissons-nous à Jésus, ressuscité et glorieux, qui présente encore aujourd’hui ses prières à son Père pour nous.
Enfin, lors de la bénédiction, lorsque le prêtre se retourne pour nous bénir, nous pouvons nous souvenir de Jésus bénissant une dernière fois ses apôtres et montant au ciel après leur avoir promis son retour dans la gloire.
Oui, pendant toute la messe, nous pouvons vivre et revivre la passion de notre Seigneur Jésus-Christ en ses différentes étapes, nous unir ainsi au renouvellement de son sacrifice non sanglant mais bien réel sur l’autel.
C’est aujourd’hui le vendredi de la première semaine de la Passion, c’est le dernier vendredi avant le Vendredi Saint. Ce vendredi est consacré traditionnellement dans l’Église à la méditation des sept douleurs de Notre-Dame, à l’union à Marie qui, unie avec son Fils, offre son sacrifice. Revivons la messe, revivons pourquoi pas aujourd’hui même la messe, revivons la messe et chacune de nos messes avec Jésus mais aussi avec Marie.
Soyons présents avec elle aux pieds de la croix, préparons-nous avec elle pour chacune de nos communions, préparons-nous dans chaque messe à recevoir le corps sacré de notre Seigneur qui a été donné pour nous.