Organiser la transparence et l’écoute dans l’Eglise, c’est du travail ! Et ce malgré un « processus de réaménagement paroissial » mis en place dans le diocèse de Nice dès l’an 2000. En l’occurrence, ce serait plutôt du déménagement. Après un article du Canard Enchaîné en janvier dernier qui explique que trois quart des organistes sont en situation de travail dissimulés dans les paroisses de France, rémunérés comme auto-entrepreneurs, voire de la main à la main en liquide, le seul, parmi eux, qui après trente ans de métier a témoigné à visage découvert a été prié par sa paroisse de dégager fissa.
Et comme outre-Atlantique, il a été viré par mail par le curé : « moi-même et le diocèse de Nice, également mentionné, sommes assez furieux de ce remue-ménage médiatique […] Je ne vous autorise plus à jouer sur un des orgues de la paroisse dont je suis le curé« , cingle-t-il, avant d’exiger que l’organiste rende les clés dans « les plus brefs délais » et retire ses archives personnelles ». Contacté par le Canard, le curé persiste et signe, dans une attitude bien peu charitable, « ce sont les agissements » de l’organiste qui ont justifié son « choix de ne plus faire appel à ses services« .
Sans doute ignore-t’il le caractère fortement péjoratif du mot agissement, défini comme une « suite de manoeuvres » ou « une façon d’agir blâmable ». Témoigner sur son travail et les conditions dans lesquelles on l’exerce n’a rien de blâmable ni de peccamineux… Virer son organiste par mail après avoir eu mauvaise conscience suite à un entrefilet dans un journal, en revanche peut l’être.
Encore une fois, on peut s’étonner de la rapidité de l’action de certains ecclésiastiques et diocèses dès lors que leur image médiatique est en jeu… et la lenteur, parfois dans les mêmes paroisses et diocèses, de la prise en compte des situations des victimes d’abus, ou des signalements d’alerte divers.