Mgr Héctor Aguer, archevêque émérite de La Plata, écrit dans un texte du 18 mars :
L’incarnation du Verbe doit être considérée comme une réalité. Le Fils éternel du Père a assumé la condition humaine dans son développement depuis l’enfance – c’est-à-dire qu’il était un enfant, et en tant que tel, il s’est lié à sa mère. Il a parlé avec elle dans le langage d’un enfant, bien que ces détails n’apparaissent pas dans les Évangiles car ils ne sont pas nécessaires aux objectifs de la révélation.
Dans le texte de Luc, nous trouvons une scène qui se déroule lorsque Jésus avait 12 ans. Au cours d’un pèlerinage à Jérusalem, l’Enfant est resté dans la ville tandis que ses parents, Marie et Joseph, retournaient à Nazareth. S’apercevant de son absence, ils le cherchèrent parmi des parents et des connaissances qui rentraient comme eux. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem et le découvrirent dans le temple, admirant les rabbins qui l’écoutaient pour son intelligence et ses réponses. Marie lui fit des reproches : « Pourquoi te comportes-tu ainsi avec nous ? Ton père et moi te cherchions avec angoisse. » Et Jésus explique : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? » (Lc. 2:48-50) Remarquez le contraste entre « ton père » et « mon Père ». L’évangéliste note que Marie et Joseph n’ont pas compris ce qu’il voulait dire.
Dans l’Évangile de Jean, il y a deux passages où Jésus appelle sa mère « Gýnai », ou « Femme ». Dans les deux cas, ce titre est associé à l’Heure de Jésus. La connaissance que Marie a de son Fils apparaît lors des noces de Cana ; elle remarque le caractère dramatique de la fête : « ils n’ont pas de vin ». La réponse du Seigneur a été interprétée par le protestantisme comme un rejet : « ti emói kai soi, Gýnai, mon heure n’est pas encore venue « (Jn. 2,4). Je ne traduis pas le grec en disant « je n’ai rien à faire avec toi », mais plutôt « qu’avons-nous à faire avec cela (ce manque) ? »
Marie ne voit pas cela comme un rejet ; connaissant Jésus, elle réalise ce qu’il va accomplir. C’est pourquoi elle ordonne aux serviteurs de « faire tout ce qu’il vous dira ». Ces paroles sont un message pour tous les temps. Le Seigneur produit alors environ 300 litres de vin, signifiant la venue des temps messianiques. L’« Heure » du Seigneur est avancée par l’intervention de la Vierge et accomplie sur la Croix, où Jésus donne sa Mère au disciple bien-aimé, qui la reçoit comme sienne (Jn 19,26).
L’expression « Femme » a une valeur absolue. Elle est la Femme, la Nouvelle Ève, la Mère des vivants rachetés par le Sacrifice de la Croix. Elle est présente dans la nouvelle création en tant que femme originelle.
Le mouvement féministe s’est formé au XXe siècle, bien qu’il ait des antécédents dans les siècles précédents. Le féminisme est né en réaction à une certaine dévalorisation de la femme et à la prépondérance parfois abusive de l’homme, réalité historique qui signifie une perte de l’équilibre originel (« l’homme et la femme étaient nus, mais ils n’avaient pas honte »). L’injustice dont les femmes ont été victimes s’est produite dans des contextes culturels différents, bien que l’on puisse dénombrer des régimes dans lesquels les femmes l’ont emporté.
Le principal problème du féminisme est son caractère revendicatif. La proclamation des « droits » de la femme est vécue en ignorant l’équilibre originel, d’où les fausses solutions du divorce, de la contraception, de l’éclatement de la famille. Le rôle de la femme en tant qu’épouse et mère, engagée dans l’éducation de ses enfants, est irremplaçable.
+ Héctor Aguer
Archevêque émérite de La Plata
Buenos Aires, mardi 18 mars 2025