L’Institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará, est une communauté religieuse de droit diocésain fondée par le Père Carlos Miguel Buela le 19 mars 1988 à San Rafael en Argentine. Cet institut, avec celui de l’Institut du Verbe Incarné (IVE) pour les religieux ainsi que le Tiers-Ordre séculier, forment l’unique Famille du Verbe Incarné. Les deux instituts religieux partagent le même charisme et ont des constitutions jumelles, et chacun comporte des branches actives et contemplatives. Leurs membres professent les vœux de chasteté, pauvreté, et obéissance, auquel un quatrième vœu est rajouté : celui d’esclavage à Marie.
Une intervention de l’institut du Verbe Incarné et de l’institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará a eu lieu par décret romain du 8 décembre, avec la fermeture de leurs noviciats pendant trois ans. Le Saint Siège avait pris des mesures dès 2010, donc pendant le règne de Benoît XVI, contre le Fondateur P. Carlos Buel, mesures que les Supérieurs des Instituts ont ignoré, caché ou en continuant à mentir.
Après la dénonciation d’une vingtaine de séminaristes accusant d’abus sexuels le fondateur de l’Institut, Don Carlos Miguel Buela, un décret de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, signé par le cardinal Gardin en 2010, jugeait ces accusations vraisemblables et estime Don Buela coupable de comportements inappropriés avec des majeurs. Il dût alors quitter l’Argentine et se retirer à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, en France. En 2016, il est installé à Gênes, en Italie. Plusieurs articles détaillent un litige persistant avec le Saint-Siège, et un “gouvernement de l’ombre” dénoncé par le cardinal Santos Abril, commissaire pontifical de la congrégation, qui interdit tout hommage au fondateur, destitué par le Vatican sous Benoit XVI. A la suite de ces évènements, deux commissaires pontificaux, Angelo Todisco et Philippe Toxé, extérieurs à l’institut, en ont pris le gouvernement en 2015. Malgré l’interdiction, l’Institut continue cependant à dédier une page sur son site officiel à son fondateur, décédé en 2023, de sorte que le conflit demeure encore avec le Vatican.
«La branche féminine, l’Institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará, et la branche masculine, l’Institut du Verbe Incarné (IVE), ont été toutes deux concernées par l’intervention du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique (CICSVA). Tout en rappelant le zèle apostolique et missionnaire, l’intervention souligne les «faiblesses formatives», les «déficiences structurelles», les «tensions avec l’autorité ecclésiastique» et «les accusations d’abus confirmées contre le fondateur des deux instituts le p. Carlos M. Buela»
Les accusations contre le père Carlos M. Buela
En 2021, un Tribunal pénal spécial, constitué par le Commissaire pontifical qui dirigeait l’Institut à l’époque, a conclu que le fondateur, le P. Carlos Buela, avait commis de graves crimes contre le sixième commandement du Décalogue, en utilisant la violence contre au moins cinq membres et anciens membres de l’Institut. Bien que Buela ait fait appel et qu’une cour d’appel ait été établie, elle est décédée en avril 2023 avant qu’une décision définitive ne puisse être rendue.
Le décret de la CICSVA souligne que, malgré les mesures prises au fil des ans par le Saint-Siège, l’Institut et sa branche féminine, les Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará, continuent de promouvoir la figure du fondateur, ignorant les décisions ecclésiastiques. Les pèlerinages sur sa tombe, la réédition de ses écrits et le refus de reconnaître ses victimes sont quelques-unes des attitudes qui ont suscité l’inquiétude au Vatican.
Déficiences dans la vie interne de l’Institut.
Outre les accusations portées contre le Père Buela, le décret révèle de graves problèmes structurels au sein de l’Institut. Parmi celles-ci, on note une formation insuffisante, un nombre élevé d’abandons – qui a atteint 40% depuis la fondation – et une vie communautaire faible, avec des communautés composées de seulement deux membres ou des prêtres dans l’isolement pastoral.
Dans ce contexte, le Délégué pontifical devra s’efforcer de renforcer la cohésion communautaire, de garantir des processus de formation solides et de revoir les constitutions et les manuels de l’Institut. À cette fin, Mgr Satué bénéficiera du soutien du père Antonio Munduate, CP, et d’un groupe de canonistes et de théologiens experts en vie consacrée.
Mesures supplémentaires et suspension de l’accueil des nouvelles vocations
Dans le cadre de l’intervention, le Dicastère a décrété la suspension de l’admission de nouveaux candidats à l’Institut pour une période de trois ans. Cette décision vise à garantir un examen approfondi des parcours de discernement et de la structure de formation avant que de nouveaux recrutements puissent avoir lieu.
Mgr Satué devra également maintenir une communication fluide avec les évêques des diocèses où l’Institut est présent, notamment à Velletri-Segni (Italie) et à San Rafael (Argentine), lieux clés de l’histoire de l’Institut.
Un appel à l’obéissance et à la conversion
Le décret conclut par un appel ferme aux membres de l’Institut à accepter les décisions du Saint-Siège dans un esprit de foi, de charité et d’obéissance, soulignant la nécessité d’une « conversion ecclésiale » qui permettra de surmonter les résistances internes et de réaffirmer la mission de l’Institut en pleine communion avec l’Église.