Mgr Matthieu Rougé, membre de la XVIe assemblée du synode des évêques, signe une tribune dans Le Monde à propos du 16e synode. Il y écrit :
[…] Qu’est-il sorti de tout cela ? Des préconisations apparemment modestes mais qui, additionnées les unes aux autres, peuvent faire émerger une culture vraiment renouvelée des relations dans l’Eglise au service de la mission. L’insistance sur les véritables responsabilités confiées aux laïcs, aux femmes en particulier, sur les instances de responsabilité partagée, sur la formation commune de la variété des acteurs de la mission, sur l’évaluation régulière des personnes et des processus, sur un rééquilibrage entre la responsabilité des Eglises locales et la fonction de régulation et de communion du Saint-Siège est loin d’être insignifiante.
Dans beaucoup de diocèses, en France notamment, des femmes sont directrices diocésaines de l’enseignement catholique, chancelières, économes diocésaines, responsables de pans entiers de la mission, membres du Conseil épiscopal. Mais ce n’est pas le cas partout et ce partage de la responsabilité doit progresser. Des conseils sont mis en place à tous les niveaux de la vie l’Eglise, mais leur fonctionnement, leur composition, leur animation, la prise en compte effective de leurs préconisations doivent être évalués et développés.
Enfin, la dimension œcuménique de ce synode n’est pas sa moindre promesse pour l’avenir du christianisme. Il a semblé évident à tous que l’Eglise catholique ne progresserait pas en communion interne sans avancer sur le chemin de l’unité avec tous les chrétiens. La proposition d’un synode commun sur l’évangélisation a été accueillie avec enthousiasme par les « délégués fraternels », c’est-à-dire les chrétiens non catholiques qui ont participé au synode.
La perspective d’avancer sur une date commune de Pâques, alors que chrétiens d’Orient et d’Occident célèbrent la Résurrection parfois à un mois de distance, constituerait un signe de communion très éloquent. A la demande de la session synodale d’octobre 2023 et dans le sillage d’une ouverture déjà ancienne de Jean-Paul II (1920-2005), le Saint-Siège a publié des propositions d’évolution du mode d’exercice de la primauté de l’évêque de Rome susceptibles d’être reçues par l’ensemble des chrétiens.
Bref, ce synode a été fructueux et prometteur. Il a donné un témoignage de communion et de paix particulièrement précieux dans notre monde fracturé. Il a ouvert des chemins de fraternité et d’unité dont les fruits demain et après-demain pourront nous émerveiller.