La Porte Latine publie le testament spirituel de Mgr Bernard Tissier de Mallerais, évêque auxiliaire de la Fraternité Saint-Pie X : une homélie donnée à Ecône le 9 décembre 2012 :
Chers fidèles, pourquoi est-ce que j’aime la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ? Je l’aime d’abord parce qu’elle a été approuvée par l’Église le 1er novembre 1970 par Mgr Charrière, évêque de Fribourg, comme société de vie commune sans vœux ; approuvée par l’Église et injustement supprimée, invalidement supprimée. Elle existe toujours canoniquement, cette Fraternité Saint-Pie X, quoi qu’en disent les autres. Je l’aime donc parce qu’elle a été approuvée par l’Église.
Mgr Lefebvre, son fondateur, nous disait : « Jamais je n’aurais fait quelque chose sans la permission d’un évêque local ». Il a reçu la permission de l’évêque de Fribourg en Suisse. Pourquoi la Suisse ? En récompense de la générosité des catholiques suisses pour les missions de Dakar parce que la générosité des catholiques suisses avait permis de payer la mission et l’Église de Fatick au Sénégal. Et pour remercier leur évêque, spécialement Mgr Charrière de Fribourg, Mgr Lefebvre l’invita à venir consacrer solennellement l’Église de Fatick. Et depuis ce temps-là, ils étaient restés amis, Mgr Charrière et Mgr Lefebvre. Si bien qu’en 1969, quand Mgr Lefebvre se présenta à l’évêché de Fribourg, il fut accueilli à bras ouverts, par l’évêque de Fribourg, qui lui permit de planter sa vigne, son séminaire à Fribourg, et de planter sa Fraternité en Suisse. Voilà. La récompense de la générosité des catholiques suisses. Voilà la Providence. C’est pour cela que j’aime la Fraternité. C’est une récompense du bon Dieu.
Ensuite, parce que cette Fraternité développe la vie commune du clergé ; des prêtres vivants en commun. Ce n’était pas ordinaire dans l’Église, et pourtant c’était la meilleure tradition de l’Église. Les prêtres doivent vivre en commun, comme nous faisons, c’est-à-dire une vie commune de table, certes, de dortoir, si l’on peut dire, mais surtout de prière et d’apostolat. Trois heures du Bréviaire et le chapelet quotidien sont priés en commun, et l’apostolat est exercé en commun, organisé ensemble. Pour plus de sainteté et plus d’efficacité ; idée géniale de Mgr Lefebvre : une société de vie commune sans vœux.
J’aime la Fraternité aussi parce qu’elle a attiré autour d’elle la vie religieuse : nos Oblates, les Sœurs de la Fraternité, nos Frères et une quantité d’autres communautés, sociétés religieuses qui se sont développées à l’ombre, si l’on peut dire, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Voilà pourquoi j’aime la Fraternité, parce qu’elle aime la vie religieuse.
J’aime la Fraternité Sacerdotale parce qu’elle est sacerdotale. C’est l’essentiel, c’est sa définition, parce que la crise de l’Église – disons la crise dans l’Église – est tout simplement la crise de l’identité sacerdotale. Quand les prêtres ont perdu de vue ce pour quoi ils sont faits, alors ils ont jeté la soutane d’abord aux orties, et ensuite ils ont jeté le latin, ils ont tout jeté, et finalement ils ont jeté leur cœur, ils ont jeté leur foi. Alors Mgr Lefebvre a dit non, il faut maintenir le sacerdoce dans sa pureté doctrinale et sa charité missionnaire. La Fraternité Saint-Pie X est sacerdotale, dédiée à la célébration du Sacrifice de la Messe, à la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ, parce que Jésus a régné et règne par le bois de sa croix, et par conséquent par la Messe, qui est la continuation sacramentelle du sacrifice du Calvaire. Voilà pourquoi j’aime la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, parce qu’elle est vraiment sacerdotale.
J’aime la fraternité Saint-Pie X, parce qu’elle a pour patron Saint-Pie X, le dernier pape canonisé, qui s’est donné de tout son soin à ses prêtres, aux prêtres de l’Église catholique, par son exhortation Haerent animo, qui est un magnifique résumé d’esprit sacerdotal ; parce que Saint-Pie X a condamné le modernisme en annonçant que ce n’était pas terminé, puisque cette hérésie était au sein et dans les veines de l’Église catholique. Ce ne serait pas en un jour que l’on pourrait déraciner le modernisme. Et aussi parce que Saint-Pie X a remis de l’ordre dans l’Église, et c’est ce qui nous manque aujourd’hui. Voilà pourquoi j’aime la Fraternité.
J’aime la Fraternité Saint-Pie X parce que son fondateur, Mgr Lefebvre, nous a donné un règlement, nous a donné des statuts, des constitutions, des règles très sages, que Rome a approuvées, a louées même, les sapientes normae, par une lettre du cardinal Wright, préfet de la Congrégation du Clergé, en 1971. Une louange des constitutions de la Fraternité qui tiennent en vingt pages, en vingt pages comme un comprimé de spiritualité sacerdotale, où tout est dit. Et nous en vivons encore maintenant, sans avoir rien changé. Ça marche. Qui a écrit cela ? Mgr Lefebvre, d’un trait de plume à Rome. N’est-ce pas merveilleux ?
J’aime la Fraternité Sacerdotale parce qu’elle a trouvé l’idéal de la formation sacerdotale dans ces séminaires traditionnels, comme on l’avait toujours fait dans les séminaires, c’est-à-dire alliant la doctrine et la piété. La piété solidement fondée sur la doctrine et menant une vie liturgique, aimant beaucoup les belles et solennelles cérémonies liturgiques. Voilà pourquoi j’aime la Fraternité Saint-Pie X.
J’aime aussi la Fraternité, chers fidèles, parce que Mgr Lefebvre, par une idée de génie, a établi une année de spiritualité au séminaire comme un noviciat pour donner à ces jeunes gens une vie spirituelle, leur expliquer les principes et les faire vivre de ces principes de la vie spirituelle catholique, les principes de l’Église et non pas les principes de Mgr Lefebvre, non ; les principes de l’Église et de Notre Seigneur Jésus-Christ.
J’aime aussi la Fraternité Saint-Pie X parce que Mgr Lefebvre, par une autre idée géniale, a voulu que soit donné un cours spécial – outre saint Thomas d’Aquin dans sa Somme, évidemment – un cours spécial des Actes du magistère de l’Église, enseignant les encycliques de tous ces grands papes qui, depuis le XIXème siècle jusqu’à la veille du Concile, avaient transmis la doctrine de l’Église sur les erreurs modernes, le libéralisme, le modernisme et le socialisme. Et dès lors, chaque année, les séminaristes reçoivent cet enseignement des encycliques des papes, des vrais successeurs de Pierre.
J’aime la Fraternité aussi parce que la Divine Providence a amené à Ecône le Révérend Père Barrielle, avec les Exercices de Saint Ignace. Depuis lors, nous aimons Saint Ignace et nous sommes capables de faire ce qu’autrefois les jésuites seuls, spécialistes, étaient capables de faire. Nous sommes capables de prêcher les Exercices de Saint Ignace. N’est-ce pas extraordinaire, chers fidèles ? Et vous êtes tous invités à aller souvent fréquenter les maisons de retraite où sont prêchés ces Exercices de Saint Ignace qui sont une merveille, non seulement pour convertir les pécheurs, mais pour faire des saints. Allez aux exercices de Saint Ignace, inscrivez-vous à Enney ou en France.
J’aime la Fraternité, enfin, chers fidèles, parce qu’elle a été lancée dans le combat de la foi. Elle n’a pas biaisé, elle n’a pas craint de se lancer hardiment au péril de condamnation injuste, nulle, dans le combat de la foi auquel nous exhorte l’apôtre Saint Paul. Et nous sommes encore maintenant dans le combat de la foi. Dieu merci. Ainsi, malgré elle, car elle n’a pas été fondée pour combattre, elle a été fondée pour transmettre le sacerdoce, malgré elle, mais volontiers, elle est devenue guerrière. J’aime la Fraternité parce qu’elle est guerrière, parce qu’elle mène une guerre pour le Christ Roi, et ce n’est pas rien. J’aime la Fraternité, pour ainsi dire, pour tout résumer, parce qu’elle est le dernier bastion qui reste pour résister, tenir bon, dire non à l’apostasie conciliaire et postconciliaire. Dernier bastion précieux, et notre premier devoir, par conséquent, est de le protéger contre toutes les infections modernistes. Notre premier devoir est de garder ce bastion pour le futur, pour l’Église.