Le politologue français Olivier Roy a été interrogé dans l’organe suisse Cath.ch, dans lequel il dénonce le christianisme «identitaire», qu’il qualifie ainsi :
On peut ramener le terme «d’identitaire » à ce que moi-même et d’autres chercheurs appelons le courant «tradismatique». C’est une combinaison des termes «traditionalistes» et «charismatiques». Ce sont des chrétiens qui sont donc charismatiques, sur le modèle des évangéliques américains, notamment en ce qui concerne leur dimension «démonstrative». Chez les catholiques, cet aspect se greffe souvent sur une position traditionaliste, avec l’idéal d’une société proche de celle du 19e siècle, notamment au niveau du décorum et de la liturgie. Ils pensent globalement qu’il faut revenir au Concile de Trente, et que la crise de l’Église vient du Concile Vatican II, qui a été, selon les plus modérés, une trahison de la tradition, et selon les plus radicaux, une manœuvre de Satan.
Et il termine l’entretien en déclarant :
“Le christianisme identitaire est donc dans un échec total, parce qu’il n’arrive pas à relayer ses idées au niveau politique et qu’il est de plus en plus en contradiction avec la société.”
Cette phrase aurait pu être prononcée sous Staline, sous Robespierre, sous Emile Combes, sous Dioclétien… On sait ce qu’il est advenu de ces régimes…
Et à quelle contradiction avec la société pense notre politologue, protestant et maoïste ?
Un exemple type est celui de la famille. Jusque dans les années 1960, le seul point de dissension entre l’Église et les États laïcs en Europe était le divorce. Pour le reste, le code pénal reprenait en gros ce que l’Église condamnait. Mais depuis les années 1960, un changement de paradigme a eu lieu, qui fait que les valeurs de la libération sexuelle sont maintenant dominantes et inscrites dans la loi.