La revue Cardinalis dresse son portrait :
Né luthérien et converti au catholicisme, le cardinal Anders Arborelius est, d’une certaine manière, un paradoxe. Il est suédois mais est né et a grandi en Suisse. Il est le premier évêque d’origine suédoise depuis des siècles d’histoire et, depuis 2017, le premier cardinal. Et, en tout état de cause, il porte en lui le talent et la ténacité de quelqu’un qui est appelé au dialogue non pas tant par vocation que par mode de vie et par nécessité.
Il n’est donc pas surprenant qu’Arborelius ait soudainement été désigné comme candidat possible à la papauté au moment où la succession du pape François devra être décidée. Mais il ne faut pas oublier : Arborelius n’est pas un de ces cardinaux qui font campagne ou qui aiment être dans les médias. C’est un carme silencieux, peu enclin aux événements dramatiques. Pourtant, avec une foi solide forgée par des années de vie entre deux nations où le fait religieux n’est pas si présent, et en tout cas quand il est présent, il n’est certainement pas catholique.
Comme nous l’avons dit, il n’est pas un homme d’événements dramatiques, mais de foi solide. Avant le Synode des évêques d’octobre dernier, il a donné une interview dans laquelle il soulignait que le véritable thème du Synode n’était pas, et ne pouvait pas être, le diaconat féminin. Il a ajouté qu’il est vrai qu’il aurait fallu donner plus d’espace aux femmes, mais que cet espace ne devait pas nécessairement être créé par l’ordination.
Le cardinal n’a même pas manqué d’exprimer son inquiétude quant à l’éventuel schisme de l’Église allemande ; il a parlé à plusieurs reprises du christianisme comme d’une nouvelle minorité et a décrit son expérience d’évangélisation du silence dans une Suède sans Dieu, où, toutefois, grâce à sa présence, une centaine de personnes deviennent catholiques chaque année.
Né en Suisse, il a 75 ans. Arborelius est baptisé luthérien mais ne s’intéresse d’abord guère au fait religieux. À l’âge de vingt ans, il se convertit au catholicisme. Deux ans plus tard, inspiré par une biographie de sainte Thérèse de Lisieux, il décide de rejoindre l’ordre des carmélites. En 1979, à l’âge de 30 ans, il devient prêtre. En 1998, il est choisi par saint Jean-Paul II comme évêque de Stockholm.
Le cardinal Arborelius est, entre autres, l’un des initiateurs de l’organisation “Respect – Mouvement catholique pour la vie”, fondée en 2001, qui s’occupe des problèmes d’éthique médicale en collaboration avec l’association “Bilda” et l’association “Oui à la vie”.
Son engagement civil a donné une grande visibilité à l’Église de Suède. Outre les questions de vie, Arborelius a défendu les migrants et les réfugiés, intervenant dans les débats publics, et a également lancé des débats qui ont fait de l’Église de Suède un profil passionnant. “Ils acceptent la morale catholique parce qu’ils la considèrent comme étrangère”, a déclaré M. Arborelius.
Bien entendu, prêter attention aux données religieuses dans un pays où plus de 90 % de la population déclare ne participer à aucun rite religieux n’est pas une mince affaire. En Suède, les catholiques représentent moins de 2 % de la population. Ce faible nombre est le résultat de siècles de persécutions féroces de la part des protestants, à tel point que le luthéranisme a été la religion d’État en Suède jusqu’en 2000.
Quelle est donc la stratégie d’Arborelius en matière d’évangélisation ? Accepter que nous sommes peu nombreux et accepter que nous sommes un petit troupeau qui veut suivre les traces de Jésus dans un environnement séculier, avec la possibilité d’être une minorité créative.
Son attitude sans opposition rend le cardinal Arborelius intéressant à la fois pour les milieux progressistes et conservateurs. Le cardinal a de bonnes relations avec tout le monde et une certaine aptitude à essayer de comprendre les raisons de ceux qui l’entourent.
Pourquoi sa candidature a-t-elle été retenue ? Il est considéré, avant tout, comme un homme de prière, mais c’est aussi un théologien réputé, très engagé (encore une fois, pour des raisons de nécessité) dans l’œcuménisme sans rien lâcher des fondamentaux de la Foi. Ses origines dans une nation sécularisée où le catholicisme est minoritaire pourraient être un avantage.
En outre, Arborelius a un grand charisme, ce qui est indispensable pour un pape. C’est pourquoi, si les cardinaux de la chapelle Sixtine ne parvenaient pas à se mettre d’accord un jour, ils pourraient tous se mettre d’accord sur Arborelius.