Paix Liturgique rend compte de la session théologique Hans Urs von Balthazar, qui réunit dans une grande discrétion – et une petite maison – le cardinal Ouellet et ses (très?) proches au pied d’une abbaye normande – saint Wandrille, un peu à l’écart de la Seine et de la route du Rouen au Havre :
“Il y a des endroits où on peut apercevoir les principaux protagonistes de la liquidation générale de Pontcallec, animer des messes – ou y assister – comme si de rien n’était, avec de surcroît une aura de grands théologiens, qui s’isolent pour réfléchir aux plus hautes matières – en l’occurrence les errances théologiques de Hans urs von Balthazar.
Pour cela, il faut aller en Normandie, dans un coin où le chemin de fer ne passe pas – la gare d’Yvetot est à 14 km – pas très loin de l’abbaye de saint Wandrille, et même tout près. Là, dans un lieu retiré « et en même temps » central se retirent, chaque année, une semaine durant – cette année du 18 au 22 août, le cardinal Ouellet, quelques prélats dont Mgr Roland, qui restera dans l’histoire du diocèse d’Ars-Belley non pas pour ses œuvres, mais comme celui qui a quasiment banni la messe célébrée par le saint curé d’Ars de son sanctuaire, quelques jeunes prêtres que les précédents aimeraient voir porter un jour mitre et crosse, quelques laïcs, et deux dominicaines de Pontcallec, loin, très loin du pays, et bien reconnaissables à leur habit noir et blanc.
Il ne semble y avoir ni programme ni actes – ces « sessions théologiques » ne sont pas ouvertes au public, contrairement à d’autres organisées par l’abbaye, et sont réservées en fait aux Elus. Une sorte de franc-maçonnerie d’Eglise dont on peut se demander si le but n’est pas de passer une semaine à discuter de l’actualité de l’Eglise, de la fin d’une époque – l’abbé Pierre accusé d’abus, la mort de l’auteur de chants religieux André Gouzes, lui aussi accusé d’abus, le cardinal Lacroix, lui aussi québécois, de retour à la tête de son évêché bien qu’accusé lui aussi d’abus… – et de tenter de pousser l’Eglise de France, voire le conclave, dans une certaine direction.
Pour cela, le lieu a été bien choisi. Il s’agit d’une maisonnette extérieure à l’abbaye, mais qui s’ouvre avec le même passe. Située 5 rue saint Jacques, cette maison dont le pignon à échelons ne manque pas de rappeler la Flandre dispose de plusieurs accès – dont un portillon au premier étage, donnant sur le nord de l’église, et un accès rue saint Jacques, au rez-de-jardin, donnant sur la rue qui la sépare de l’abbaye. A suivre vers le fond de la parcelle, séparée de celle du restaurant gastronomique local, la cantine des religieuses – une salle vitrée qui donne sur la vallée de la Fontenelle et où se tenait la session.
Car oui, l’ambigüité était totale, au vu des relations très proches entre le cardinal Ouellet et mère Marie de l’Assomption (Emilie d’Arvieu de son nom civil) – ladite session théologique se tenait dans la maison allouée aux sœurs de Pontcallec, où certaines viennent tour à tour passer leur retraite spirituelle à saint Wandrille, et où elles ont leurs chambres.
Certainement, les autres participants à cette session sont choisis pour leur discrétion. Comme l’autre religieuse – outre l’amie, assistante et chauffeur du cardinal, il y avait en effet une seconde dominicaine – Mère Marie Jehanne d’Arc, bien imprudemment aventurée si près de Rouen. Une tête – reçue 8ème à l’école normale supérieure rue d’Ulm en 2015, au concours lettres classiques, entrée à la rentrée 2018 chez les Dominicaines de Pontcallec et qui y a pris l’habit l’automne suivant.
Pour voir les élus – les dominicaines dans la nef, avec les laïcs, le cardinal Ouellet et les prélats dans le chœur, avec les moines, célébrant et donnant la communion (sur les lèvres) comme si de rien n’était, comme si la clameur des victimes ne s’entendait pas par-dessus l’Atlantique, rendez-vous sous les charpentes de la grande chapelle – une ancienne grange dimière de l’Eure achetée et remontée à saint Wandrille par les moines.
Ce jour là peu après dix heures, la première lecture tirée des prophéties d’Ezéchiel semblait dresser le bilan du cardinal Ouellet et de son assistante de Pontcallec :
“La parole du Seigneur me fut adressée :
Fils d’homme,
prophétise contre les bergers d’Israël, prophétise.
Tu leur diras :
Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Quel malheur pour les bergers d’Israël
qui sont bergers pour eux-mêmes !
N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ?
Vous, au contraire, vous buvez leur lait,
vous vous êtes habillés avec leur laine,
vous égorgez les brebis grasses,
vous n’êtes pas bergers pour le troupeau.
Vous n’avez pas rendu des forces à la brebis chétive,
soigné celle qui était malade,
pansé celle qui était blessée.
Vous n’avez pas ramené la brebis égarée,
cherché celle qui était perdue.
Mais vous les avez gouvernées avec violence et dureté.
Elles se sont dispersées, faute de berger,
pour devenir la proie de toutes les bêtes sauvages.
Mon troupeau s’égare
sur toutes les montagnes et toutes les collines élevées ;
mes brebis sont dispersées dans tout le pays,
personne ne les cherche, personne ne part à leur recherche.
C’est pourquoi, bergers, écoutez la parole du Seigneur :
Par ma vie – oracle du Seigneur Dieu –,
puisque mon troupeau est mis au pillage
et devient la proie des bêtes sauvages, faute de berger,
parce que mes bergers ne s’occupent pas de mon troupeau,
parce qu’ils sont bergers pour eux-mêmes
au lieu de l’être pour mon troupeau ».
Mais pour le cardinal Ouellet et ceux qui l’ont accompagné, ou qui protègent sa retraite normande pour que ne cesse de se déverser la corne d’abondance qui permet les nombreux travaux de l’abbaye – il est question d’une nouvelle bibliothèque, d’une infirmerie pour les frères les plus âgés, de consolider l’aile est… « s’accomplit cette prophétie d’Esaïe: vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point ».
Néanmoins, toute honte bue, la messe était aux intentions… du pape saint Pie X, cité plusieurs fois. Bien que le cardinal Ouellet et son assistante ont beaucoup fait pour torpiller l’œuvre du saint pape, sa messe et les dominicaines de Pontcallec au passage, enfin toutes celles qui ont résisté au massacre à coups de crosse de l’œuvre de l’abbé Berto.
Hier gardiennes de la Foi, celles qui sont en train de solder la messe traditionnelle, et bientôt pourquoi pas leurs vœux, sont dirigées de facto par des amatrices de la théorie de l’enfer vide – une des nombreuses errances de Hans Urs von Balthazar – inutile de s’étonner que ses suiveurs multiplient les occasions de faire le mal, s’il n’y a pas de peine, s’il n’y a rien à craindre ni de la justice des hommes (qu’on peut ralentir), ni de la justice de l’Eglise (qu’on peut détourner). Quelle déchéance…
Dur, dur. Paix Liturgique s’attaque à une vache sacrée. J’ai visité Saint Wandrille comme tout le monde, mais sans m’arrêter, et j’ai suivi le feuilleton Pontcallec avec attention. Saint Wandrille fait penser à Port-Royal : intello, mondain, activiste. Mais non, mais non, diront certains, ils sont très ouverts, très tolérants, très réforme de la réforme. Ce n’est pas mon chemin. La liquidation de Pontcallec ne m’a pas plu. Je choisis une autre route.