L’architecte en chef des monuments historiques, Philippe Villeneuve, regrette que
« l’archevêque de Paris a[it]refusé le retour de la couronne de lumière, grand lustre néogothique dessiné par Viollet-le-Duc, en dépôt à la basilique Saint-Denis, où il est suspendu au-dessus de l’autel. »
Le grand lustre de la croisée du transept, après restauration, avait été déposé en 2014 dans la basilique Saint-Denis, alors qu’il s’agit, avec les douze lustres plus petits qui l’accompagnaient, d’un mobilier créé par Viollet-le-Duc spécifiquement pour Notre-Dame dans le cadre de sa restauration.
Depuis, si le lutrin est resté à Notre-Dame (mais évidemment pas à son emplacement naturel, le chœur), le diocèse et en l’occurrence Mgr Lustiger, a poursuivi cette élimination du mobilier dû à Viollet-le-Duc. Et le nouvel archevêque, Mgr Ulrich n’est pas en reste. Car c’est bien celui-ci qui s’est opposé à la réinstallation de la couronne de lumière dans Notre-Dame. C’était par ailleurs le diocèse (et donc Mgr Lustiger) qui, en 2004, avait demandé que celle-ci soit enlevée de la croisée du transept. Dix ans plus tard, après sa restauration, le ministère de la Culture, plutôt que d’imposer sa réinstallation, avait décidé de la transporter à Saint-Denis.
Selon Philippe Villeneuve, un projet de réinstallation des luminaires a été proposé à l’occasion de la restauration de la cathédrale après l’incendie : « il s’agissait de remettre en place la couronne de lumière à la croisée du transept, huit lustres dans la nef et quatre dans le chœur, selon la disposition originale de Viollet-le-Duc » Et c’est bien le clergé qui s’y est opposé : « il ne veut pas de cette couronne de lumière, ni du retour des lustres dans la nef ».
Si l’affectataire d’un édifice cultuel est, dans une certaine mesure, libre de modifier l’aménagement intérieur pour des raisons liées à la liturgie, il ne peut pas faire n’importe quoi sauf s’il est autorisé par le ministère de la Culture.
En 2004, pour des raisons liturgiques obscures, le diocèse a décrété qu’une couronne de lumière à la croisée du transept n’était plus tolérable.
Par ailleurs, la décision de dépôt de la couronne à Saint-Denis prévoit explicitement dans son article 2 qu’« en cas de cessation du dépôt à la demande du clergé affectataire ou de l’État, la couronne de lumière sera déplacée et redéposée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris ». Que fait donc l’Etat ? Le ministère de la Culture ne joue pas son rôle de protection des monuments historiques.
Quant à la liturgie, prétexte qui avait suffi au clergé français pour mener dans les années 1960-1970 le pire vandalisme qu’ait subi le patrimoine religieux depuis la Révolution, il s’agit d’une chose trop importante pour la confier au diocèse de Paris…
Par ailleurs, le nouveau reliquaire qui va recevoir la Sainte Couronne d’épines dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, laisse perplexe… surtout quand on a connu celle qui l’a précédée : la magnifique châsse reliquaire dessinée par Viollet-le-Duc, brisée dans l’opération de sauvetage au soir de l’incendie.
Nous avions déjà évoqué le nouveau mobilier liturgique – autel, cathèdre, tabernacle, baptistère… : tout de bois sombre, arêtes aiguës et lignes épurées à l’extrême, entre design écolo et musée des arts et traditions populaires.
Un massacre artistique qui se conjugue avec la désacralisation liturgique. C’est cohérent…