A l’occasion des 40 ans du rappel à Dieu du RP de Chivré, op, La Porte Latine publie plusieurs contributions sur le RP de Chivré rappelant son amour de la Vérité malgré les turpitudes de cette période.
On peut notamment lire cette homélie du père le dimanche de Pâques 1965 dont l’extrait est particulièrement d’actualité :
Et, voilà le drame moderne : les croyants jugent et décident de leur Foi selon les slogans du monde. Ils n’entendent plus la voix interne inspirer leur vision externe des situations humaines. Les réputés les meilleurs ou les plus intelligents réagissent temporel absolu ou alors ils penseront surnaturel d’une manière absolument personnelle dans une lumière d’immanence qui détruit le surnaturel au moment où ils annoncent qu’ils vont nous en parler merveilleusement. Il est indiscutable que ces âmes parlent de la Foi sans lui accorder la permission d’être Grâce de Foi, secours de l’au-delà passant comme une brise de printemps sur leurs raisonnements desséchants pour l’incliner vers les fraîcheurs de Dieu connu et aimé sans référence au courant de l’histoire… En perdant l’habitude du recueillement et de l’adoration, de la prière et du sacrifice, il y a séparation du raisonnement et de la vie spirituelle, nous avons pris les distances d’avec les sources d’information réservées à Dieu, sans lesquelles nous informerons nos frères d’une manière nécessairement déformante puisqu’incomplète et tellement humaine qu’elle en devient inhumaine. Le paganisme est inhumain, le matérialisme est inhumain, le communisme est inhumain, le progressisme est inhumain, et les enseignements les plus inhumains sont souvent les plus truffés d’humanisme peureux et menteur avec de grands mots chargés de masquer la petitesse du penseur et de la pensée.Pourquoi inhumain ? Parce qu’en parlant de développement, les théories annoncées stoppent la verticale de la sainteté, la verticale de la vision d’ensemble, la verticale de la Foi, cause des comportements de fierté intellectuelle et de courage, disons-le tout net la verticale de la vie humaine prenant comme point d’appui Jésus-Christ sans personne autre.
Je n’en veux absolument pas à la beauté de l’horizontale, cela ne change rien à sa position de demeurer parallèle au sol avec l’inévitable destinée de ne faire que du rase-motte, l’acrobatie la plus dangereuse pour le pilote et pour les ULM, pour le philosophe et les jeunes gens qui l’entendent, pour les théologiens et les lévites qu’ils déforment.
Lorsque je regarde mon Sauveur sur la Croix, je suis bouleversé de Son courage à prendre Son tragique point d’appui sur la verticale de la Croix, l’élevant de terre et soulevant l’horizontal de l’instrument immobilisant Ses pauvres bras et Lui laissant la tête libre de crier au monde : « Mon Dieu, Mon Dieu pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Que font-ils ? Ils attendent que Je descende de la Croix… eux, les Docteurs de la Loi… Ils sont tous les mêmes, ils me veulent en leur compagnie pour organiser la Terre, alors que J’en appelle au Ciel !
Se laisser informer par Dieu, Messieurs, comme je vous le souhaite pour vous et vos travaux, vous laisser informer par la grâce, par vos grâces, par les grâces de l’Église, par la grâce des encycliques, par celle de la Foi à Rome et au « Tu es Petrus », vous laisser informer par le silence qui contemple les étoiles de la doctrine qui n’est rien autre que la vie intarissable de Dieu, vous laisser informer par vos lumières intérieures accordées sur le « Je crois en Dieu », voilà qui vous maintiendra capables d’informer les autres en toute liberté d’esprit, comme Jésus-Christ inséparablement uni à la contemplation de Son Père qui est dans les Cieux, d’informer les Juifs, Caesar, les docteurs et les puissants du jour en toute liberté d’esprit, respectant leur autorité jusqu’à leur faire l’aumône de la Sagesse.
C’est cela être libre, c’est être si humblement informé sur ce que Dieu veut dire à notre conscience, inspirer à notre jugement, que nous trouvons naturel, charitable, obligatoire de l’exprimer aux autres sans esprit de dictature, lequel n’existe que pour les prisonnier de l’horizontal, du naturalisme, du temporel ou de l’idéalisme.