Dans son éditorial de la lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la Fraternité Saint-Pie X (n°95, Juin 2024), l’abbé Benoît de Jorna, Supérieur du District de France (pour quelques semaines encore) évoque les sacres de 1988 mais aussi de potentiels nouveaux sacres qui seront conférés dans quelques mois ou quelques années.
Il y a là une grande tentation, qui nous atteint tous, mais particulièrement les jeunes, lesquels aiment naturellement le changement, la nouveauté. A l’inverse, la monotonie, la répétition des mêmes (petites) difficultés rongent leur énergie, leurs bonnes dispositions, leurs résolutions les plus fermes.
C’est alors que nous avons tous besoin, petits et grands, jeunes et moins jeunes, de la vertu de force, qui renouvelle sans cesse et malgré la longueur du temps notre détermination absolue, intangible, de rester fidèles jusqu’au bout. Cette vertu de force, souligne saint Thomas d’Aquin, nous est particulièrement nécessaire pour supporter un petit mal lorsque celui-ci dure un long temps. Car cette endurance d’un mal petit, mais interminable, se rapproche de cette méthode de torture (probablement mythique) que l’on appelle le « supplice de la goutte d’eau ». Ce n’est qu’une goutte d’eau qui tombe sur la tête, qui ne fait pas vraiment mal, qui n’occasionne qu’une petite gêne. Mais la répétition indéfinie, pendant des heures, des jours, finit par devenir absolument insupportable.
Nous avons aujourd’hui besoin, et particulièrement nos jeunes, de cette vertu de force qui permet de supporter les petits inconvénients d’une vie intégralement fidèle à la Tradition catholique, de maintenir la droite ligne de la foi, de ne pas transiger avec ce qui ne lui convient pas, même si cette « intransigeance » est parfois un peu difficile personnellement, familialement, amicalement, professionnellement.
Si la vertu de force nous est absolument nécessaire pour persévérer dans une vie chrétienne totalement fidèle à la Tradition, pour en supporter les petites incommodités et la relative monotonie, nous allons également en avoir besoin prochainement pour affronter l’événement ecclésial qui commence à se profiler.
Comme je le disais en commençant, le 30 juin 1988, Monseigneur Lefebvre réalisait « l’opération-survie » de la Tradition catholique en sacrant quatre évêques auxiliaires. Ces évêques, qui étaient assez jeunes à l’époque, le sont évidemment moins trente-six ans plus tard. La situation ecclésiale ne s’étant pas améliorée depuis 1988, il s’avère nécessaire de songer à leur donner des aides, qui deviendront un jour leurs remplaçants.
Lorsqu’une telle décision sera annoncée par le Supérieur général, il faut s’attendre à un déchaînement médiatique contre les « intégristes », les « rebelles », les « schismatiques », les « désobéissants », j’en passe et des meilleures. A ce moment, nous aurons à affronter les contradictions, les injures, les mépris, les rejets, peut-être même des ruptures avec des personnes proches.
La vertu de force nous sera très nécessaire en cette occasion cruciale, et nous devrons, les uns et les autres, manifester grâce à elle notre fidélité absolue à la foi catholique intègre, à la véritable Tradition de l’Église, à Notre Seigneur Jésus-Christ Roi des personnes, des familles et des sociétés, et aussi à la Fraternité Saint-Pie X, arche de salut suscitée par la Providence au milieu du déluge qui menace d’engloutir l’Église et la civilisation.
Bonne nouvelle, ces sacres sont une nécessité et un devoir contre les persécutions et les ennemis du Christ et son Église.