Le Journal La Nef a interrogé le cardinal Müller à l’occasion de la célébration de la messe de clôture du 42è Pèlerinage de Pentecôte :
Le cardinal Müller a célébré la messe de clôture du dernier pèlerinage de Chartres. À cette occasion, il nous a offert un entretien exclusif pour nous livrer son regard sur l’événement, sa vision du rite extraordinaire et l’avenir de cette question liturgique, sa réponse face à ceux qui le présentent comme un « adversaire » du pape François, l’état de l’Église d’Allemagne…
La Nef – Que retenez-vous de ce pèlerinage de Chartres ? Et comment assurer le maintien de l’ancien rite avec la prise en compte des demandes pertinentes de Sacrosanctum Concilium ?
Cardinal Müller – J’en retiens l’image de tous ces nombreux enfants et jeunes qui ont fait l’effort de marcher si longuement et de participer intérieurement à la sainte messe, au sacrifice du Christ pour le salut du monde.
L’ancien rite constitue un tout cohérent. Cela ne veut pas dire que la lecture des Écritures ne pourrait pas un jour être enrichie. D’ailleurs, le pape Benoît XVI avait espéré que les formes extraordinaires et ordinaires du rite latin se rapprochent à nouveau.
Quoi qu’il en soit, une opposition idéologique acharnée envers un rite particulier n’est pas souhaitable pour l’unité de l’Église. Sans s’être rendus sur place, les médias proches du Chemin synodal allemand ont dénigré ces jeunes pèlerins comme étant « traditionalistes », en ignorant complètement leurs efforts. Ils n’ont pas prêté attention à mon homélie et ont seulement voulu profiter de cette opportunité pour me présenter comme un critique conservateur du synode et du pape. Tel est le niveau intellectuel et moral de nos « progressistes autoproclamés » qui, faute de pouvoir argumenter ad rem, n’ont d’autres ressources que de polémiquer ad hominem.Comment voyez-vous l’avenir de la question liturgique, et notamment la place de l’ancien rite ?
Une réconciliation en Esprit et dans la vie s’impose. Il faut distinguer, d’une part, la substance de la sainte messe et des autres sacrements et, d’autre part, les différentes formes liturgiques qu’ils ont prises dans les divers rites légitimes, notamment dans le rite latin. Certes, la hiérarchie suprême de l’Église peut déterminer la forme spécifique du rite, mais cela doit se faire avec une sensibilité pastorale et surtout sur une base dogmatique claire.