Voilà un propos qui ne va pas plaire au jésuite James Martin, grand défenseur de la cause LGBT à Rome. Lors d’une réunion à huis clos, le pape s’est lâché sur le fait qu’il y a déjà trop de « pédérastie », invitant ainsi les évêques italiens à ne pas admettre de séminaristes homosexuels.
Ces propos ont été confirmés par le Corriere della Sera et la Repubblica, qui font état de « plusieurs sources concordantes » présentes lors de la rencontre. Celle-ci a eu lieu le 20 mai dans l’ancienne salle du synode au Vatican. Il s’agissait de l’assemblée générale avec les évêques, un moment de confrontation à huis clos au cours duquel Bergoglio, sur un ton familier, aurait réitéré son non avec une plaisanterie qui a étonné certains des évêques présents. Complice, peut-être, de la méconnaissance de l’italien par le pape argentin.
La question, débattue depuis longtemps, alors qu’une note de 2005 demande explicitement l’exclusion des personnes homosexuelles du sacerdoce, concerne l’ouverture aux séminaristes homosexuels : que faire si un candidat est ouvertement homosexuel ? Une question qui avait déjà été soulevée lors de l’assemblée d’automne des évêques à Assise, qui avait produit un règlement pour les séminaires encore en attente d’approbation. Selon la ligne officielle sanctionnée en 2005 et réitérée en 2016,
« l’Église, tout en respectant profondément les personnes en question, ne peut admettre au séminaire et aux ordres sacrés ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent la soi-disant culture gay ».
La récente ouverture du pape concernant la bénédiction donnée aux homosexuels avait provoqué une levée de boucliers. En avril, le Vatican avait publié la déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi « Dignitas infinita », dans laquelle l’Église réaffirme qu’il faut éviter « toute forme de discrimination injuste et en particulier toute forme d’agression et de violence » à l’égard des personnes homosexuelles, dénonçant « comme contraire à la dignité humaine » le fait que dans certains endroits, des personnes « sont emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle ». Mais en même temps, elle critique la théorie du genre, « extrêmement dangereuse parce qu’elle efface les différences dans sa prétention à rendre tout le monde égal », parce qu’elle « veut nier la plus grande possible des différences existant entre les êtres vivants : la différence sexuelle ».