Depuis 7-8 ans, une messe traditionnelle est célébrée à Lorient environ une fois par mois à la Chapelle Saint-Christophe, d’abord par un prêtre de la communauté Saint-Jean puis aujourd’hui par des prêtres du diocèse. Le bulletin de la Paroisse Saint-Louis – Sacré-Coeur fait écho de ce changement de lieu.
Le déplacement de la messe de St Christophe vers le Sacré Cœur. Monseigneur Centène souhaite qu’il y ait une messe dans la forme extraordinaire du rite romain pour l’ouest du diocèse (comme à Vannes) de telle sorte que les chrétiens attachés à cette forme n’aient pas à traverser le diocèse pour participer à la messe dominicale, et que cette messe soit célébrée par des prêtres du diocèse, et que ces paroissiens soient intégrés à la vie d’une communauté paroissiale. Actuellement la chapelle St Christophe, non chauffée en hiver, devient trop petite et le Sacré Cœur est libre le dimanche matin. Il y aura donc deux messes désormais au Sacré cœur : une le samedi soir comme d’habitude, et l’autre, une fois par mois à 11h le 3ème dimanche du mois (nous verrons par la suite si nous l’étendons de façon plus régulière).
La messe traditionnelle est désormais célébrée le 3è dimanche du mois à 11h00 en l’église du Sacré-Coeur (20 rue François Le Levé) à Lorient. Attention, la prochaine messe est célébrée ce dimanche 12 mai (en raison de la Pentecôte).
Je vais encore faire du mauvais esprit, mais c’est la dernière fois, et d’ailleurs ai-je bien compris ? La paroisse du Sacré-Coeur à Lorient est chauffée, mais pas la chapelle Saint Christophe. Pourtant, il n’y a pas de messe le dimanche au Sacré-Coeur, juste une messe anticipée du samedi soir, donc en rite ordinaire, mais chauffée. Pendant ce temps là Saint Christophe la non chauffée est devenue trop petite un dimanche par mois devant l’afflux de fidèles de l’ouest morbihannais qui se sentent attirés par le rite extraordinaire. On leur donnera donc une messe un dimanche par mois aussi mais au Sacré-Coeur, et pas à la Pentecôte. A Saint Christophe c’était un prêtre “petit gris”, donc non spécialiste de l’ancien rituel, qui célébrait, mais au Sacré-Coeur on le remplacera par d’autres prêtres, pas plus spécialistes de la chose, mais diocésains. Reste à savoir si ces fidèles, qui n’hésitent pas à “traverser le diocèse” par attirance pour la messe d’autrefois, resteront fidèles au nouveau dispositif où s’ils finiront par comprendre qu’on se paie leur tête.
D’après le site du cadastre la chapelle St Christophe, du XVe, fait 16 mètres par 10 extérieurement – l’on se doute que c’est sacristie et annexes comprises, et que les murs sont épais.
L’église du Sacré Cœur du Moustoir qui est des années 1960 fait, toujours d’après le cadastre, 30 mètres de côté et 20 en façade. Ses murs sont plus fins – corollaire, elle coûte aussi à chauffer (cf. OF 1/2023), mais il y a dessous une salle qui fait toute la longueur, avec une estrade au fond et aux normes, rénovée en 2022, et plus facile à chauffer. Il y a aussi des sanitaires, annexes etc.
Les fidèles y gagnent donc au change.
La notion de “messe traditionnelle” est vraiment d’un extrême intérêt, compte tenu du fait qu’elle renvoie à la forme et au fond liturgiques qui contribuent à ce que les catholiques qui y recourent soient et restent traditionnels dans la foi, dans la foi catholique, grâce à la liturgie et grâce à la piété catholiques traditionnelles.
Complémentairement, la “messe non traditionnelle” existe aussi, même si, bien sûr, il y a parfois, ici où là, des éléments caractéristiques de la messe traditionnelle, dans telle ou telle célébration eucharistique non traditionnelle, non seulement diocésaine, mais aussi montinienne.
Mais puisque la messe non traditionnelle existe, elle mérite d’être désignée par une notion avant tout positive, et non seulement négative, comme l’est la notion de “messe NON traditionnelle”.
Cette notion positive, proposée parmi d’autres suggestions possibles, est la notion de “messe rénovatrice”, rénovatrice de l’Eglise,
– non seulement en ce que cette messe découle d’une rénovation de presque toute l’Eglise, tout d’abord conciliaire et ensuite montinienne,
– mais aussi en ce que la même messe, par sa forme et son fond, est pleinement propice à la poursuite de la non résistance des catholiques qui y recourent face à la poursuite, désormais sous François, d’une rénovation de l’Eglise catholique
a) qui n’a pas cessé de continuer à cheminer, à se déployer, depuis l’annonce puis l’ouverture du Concile par Jean XXIII,
et
b) qui est vraiment devenue, ici ou là, UNE FIN EN SOI, hier conciliaire, moderniste, libérale, aujourd’hui inclusive, postmoderne, synodale.
Or, à partir du moment où l’on constate qu’il existe plus que des nuances entre la liturgie traditionnelle dans la foi et la liturgie rénovatrice de l’Eglise, on comprend dans quelle mesure et jusqu’à quel point un évêque qui recourt à la liturgie rénovatrice n’est pas un évêque “tout court”, mais est un évêque “rénovateur”, en ce qu’il dit oui ou, en tout cas, en ce qu’il ne dit pas non à la poursuite du remplacement ou de la transformation de la Tradition catholique, notamment tridentine, par le Renouveau conciliaire, notamment montinien.
Et c’est ici, il faut bien le dire, qu’il faut appeler un chat un chat ou mettre les pieds dans le plat : tout n’étant pas compatible avec tout, c’est presque la moindre des choses que, pour la grande majorité des évêques rénovateurs, à commencer par le premier d’entre eux, celui de Rome, la marginalisation de la liturgie traditionnelle dans la foi soit absolument nécessaire et préalable à la synodalisation de l’Eglise catholique, alors que le maintien en vie de la liturgie rénovatrice de l’Eglise est absolument compatible avec cette synodalisation.
C’est la raison pour laquelle il y a probablement toute une pédagogie à effectuer, en direction des évêques rénovateurs, pour qu’ils comprennent ou pour qu’on leur rappelle que de même que l’orientation d’un catholique en faveur de la liturgie traditionnelle n’est pas “axiologiquement neutre”, de même l’orientation d’un autre catholique en faveur de la liturgie rénovatrice n’est pas non plus “axiologiquement neutre” : la liturgie rénovatrice de l’Eglise est “synodalement correcte”, tandis que la liturgie traditionnelle dans la foi ne l’est pas.
En d’autres termes, si jamais, un jour ou l’autre, la liturgie traditionnelle dans la foi est presque totalement expulsée, pour le dire par ce mot, du paysage ecclésial diocésain, et que, par la suite, la synodalisation inclusive s’avère encore plus dénaturatrice du catholicisme que la pastoralisation conciliaire, il ne faudra pas que les moins rénovateurs des évêques rénovateurs aillent se plaindre, au contact des résultats.
Au demeurant, auprès de quels catholiques traditionnels, et non rénovateurs, pourraient-ils se plaindre, après les avoir mis hors d’état de faire le plus de bien possible au sein même des diocèses ?