Arrivé en 2022, Mgr Delarbre avait hérité de son prédécesseur Mgr Dufour du projet de déménagement de l’archevêché à la Baume et de la vente du siège actuel, cours de la Trinité à l’est du centre-ville, où se trouve aussi le séminaire interdiocésain.
L’archevêque d’Aix annonce l’abandon du projet :
“L’archevêque d’Aix et Arles, Mgr Christian Delarbre annonce la fin du projet immobilier à La Baume-lès-Aix. Ce projet prévoyait sur ce site l’installation de l’archevêché, et la vente du domaine du Cours de la Trinité. Des obstacles successifs ont retardé puis entravé la réalisation de ce projet. Malgré les efforts pour les surmonter, les services diocésains et l’Archevêque n’ont pu que constater que le groupement de promoteurs n’était pas en mesure de réaliser l’intégralité du programme immobilier, dans le respect des engagements contractuels. Cette situation a conduit au dépassement des délais et à l’expiration des accords. L’Archevêque regrette cette conclusion, mais il est résolu à « protéger les intérêts à court, moyen et long terme de l’Église diocésaine » Le siège de l’archevêché restera donc Cours de la Trinité, à Aix.
A son arrivée en octobre 2022, l’Archevêque hérite du projet initié en 2020 qui prévoyait de manière indissociable la vente du domaine du Cours de la Trinité, l’achat aux Jésuites du Domaine de La Baume et sa rénovation pour y transférer les locaux diocésains [il s’agit de l’ancien noviciat des Jésuites, propriété de la congrégation de 1952 à 2017, et auparavant de 1632 à 1763].
Avec son Conseil épiscopal, il constitue alors un comité pour valoriser ecclésialement et pastoralement le futur siège de l’archevêché. En juin 2023, les recours légaux contre le permis de construire du 7 Cours de la Trinité ayant été levés, la signature de la vente pouvait être envisagée, sous réserve de la finalisation du contrat de promotion immobilière (CPI) signé en 2020 en vue de la réhabilitation des futurs locaux de La Baume. Avec l’économe diocésain, l’Archevêque s’est assuré d’un accompagnement professionnel (avocat spécialisé et Assistance de Maîtrise d’Ouvrage) pour garantir la bonne exécution du CPI et maîtriser la phase opérationnelle.
Or, l’assurance d’une exécution intégrale et satisfaisante du projet de rénovation n’a pu être obtenue malgré un intense travail et une prolongation des accords. Face à ce constat de différends non résolus avec le groupement de promoteurs, de la défection de la société chargée de la réalisation des travaux, et compte tenu de l’expiration du délai de réalisation de la promesse de vente du domaine de la Trinité, l’archevêque a constaté la caducité des accords contractuels. Le Diocèse entend bénéficier de l’indemnité prévue par la promesse de vente à la charge du groupement de promoteurs.
Les services diocésains et l’Archevêque ont fait leur possible pour mener à bien ce projet. L’Archevêque regrette cette conclusion, mais il est résolu à « protéger les intérêts à court, moyen et long terme de l’Église diocésaine ». Le siège de l’archevêché restera donc Cours de la Trinité”.
Cela devait être une opération blanche pour le diocèse
À l’époque où le projet avait été initié, en 2018, Marsactu donnait des précisions : “le déménagement de l’archevêché, de la maison diocésaine, du séminaire, et de la direction de l’enseignement catholique du cœur de ville aixois vers l’immense parc et les somptueux bâtiments du XVIIe siècle de La Baume-lès-Aix, qu’occupaient jusqu’alors les Jésuites de la Compagnie de Jésus, doit tenir de “l’opération blanche”. Le diocèse, discret sur les sommes engagées, doit autofinancer son installation à La Baume au sud de la ville, et les travaux inhérents, par la vente de son très beau patrimoine à Aix, niché à quelques encablures de la place Bellegarde. […] Le diocèse a retenu un groupement tripartite constitué du mastodonte de la construction Eiffage ; du groupe immobilier, filiale de la Caisse des dépôts et consignations Icade ; et de Viamco filiale privée de l’aménageur local la Semepa – Société d’Économie Mixte d’Équipement du Pays d’Aix. Ce trio doit se porter acquéreur du patrimoine foncier diocésain du centre-ville ; achat qui, concomitamment, vient financer l’acquisition et l’aménagement du site de La Baume (également réalisé par Eiffage)”.
Àl’époque, “Alexandre Gallese, adjoint à la mairie d’Aix en charge de l’urbanisme, l’admet sans détour : “La Ville, qui soutient le transfert du diocèse vers La Baume, et les promoteurs travaillent à élaborer un projet d’urbanisation.” Il évoque une “opération classique” de construction d’habitations qui “comprendra une part de logement social” (comme le veut la loi puisqu’avec un taux de logements sociaux autour de 19%, la commune doit encore faire des efforts pour atteindre les 25% requis). “Il s’agit bien sûr d’une opération purement privée mais sur un site sensible comme celui-ci, par son ampleur et son positionnement, la mairie ne peut pas ne pas avoir un regard”, enchaîne l’adjoint qui se félicite au passage de la présence dans le montage de Viamco, annexe privée de la Semepa : “Il est important qu’à travers elle, la Ville et son bras armé la Semepa, ne soient pas loin.”
Dans son permis de construire, Eiffage entendait restaurer la chapelle, conserver les bâtiments en U du séminaire, et construire sur ces parcelles proches du centre-ville pas moins de 240 logements (dont 140 dans une résidence senior), ainsi qu’un parking souterrain de 200 places.
Une suite judiciaire ?
Comme le précise le journal d’investigation marseillais Marsactu, le diocèse n’a pas signé la promesse de vente faute d’assurance d’exécution intégrale et satisfaisante; “désormais le diocèse dit entendre “bénéficier de l’indemnité prévue par la promesse de vente à la charge du groupement de promoteurs”. Le différend risque de se poursuivre devant les tribunaux“. (Addendum: il peut y avoir une suite judiciaire en raison de la commission d’un préjudice, du fait même de la non-signature de la promesse de vente, alors même qu’il n’y a pas eu de vente à proprement parler).