Le Sénat doit se prononcer sur le texte qui vise à intégrer le recours à l’avortement dans le texte de la Constitution: le “projet de loi constitutionnelle relatif à la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse” sera discuté aujourd’hui en séance publique, en fin d’après-midi. On notera la pression médiatique pour que certains élus votent pour le projet constitutionnel… À l’Assemblée nationale, ils ont été peu nombreux à s’y opposer, si on analyse les résultats à la suite du scrutin public sur l’ensemble du texte: seulement 12 RN et 15 LR.
Plusieurs questions en une, dont l’intégration de la clause de conscience
Les Sénateurs doivent aussi se prononcer sur trois amendements, qui, s’ils sont adoptés, aboutiront à un texte différent de celui voté à l’Assemblée nationale le 30 janvier dernier. Cela rendrait impossible l’adoption d’un texte “en termes identiques” qui sera discuté par les deux assemblées réunies en Congrès, lundi prochain. Cette condition d’identité du texte est imposée par la Constitution. Mais l’adoption de ce texte commun suppose elle-même une majorité qualifiée représentant trois cinquièmes des parlementaires (495 sur 825) .
Le premier amendement vise donc à modifier l’article unique de la proposition de loi constitutionnelle pour y intégrer la clause de conscience des professionnels de santé. Cet amendement a été déposé par les Sénateurs Alain Milon (LR) et Bruno Retailleau (LR) et a été cosigné par un certain nombre de leurs collègues. Le deuxième vise à rétablir la version figurant dans une proposition de loi constitutionnelle adoptée par le Sénat en 2023: il «vise à supprimer le terme “garantie”, ajouté à l’article unique par le Gouvernement, afin de rétablir la version adoptée par le Sénat, il y a un an. Cet amendement vise à lever les incertitudes juridiques qui pèsent sur l’utilisation du terme “garantie”.» Déposé par le Sénateur Philippe Bas (LR), il a été cosigné par 64 Sénateurs. Enfin, le dernier, déposé le Sénateur Stéphane Ravier (RASNAG), vise à dévier le débat pour y intégrer les questions agricoles.
Affaire à suivre…
Cela ne remplacera pas hélas :
– le silence des évêques en France, inconscients de ce que représente cette constitutionnalisation (sur la portée de cette constitutionnalisation, je me suis exprimé il y a quelques semaines)… sauf un, à ma connaissance, Mgr Aillet
– le silence des organisations familiales, surtout si elles sont catholiques (AFC, APEL, etc.)
– le silence de la CFTC
– le silence des catholiques “sans titre particulier”, (nous qui nous nous exprimons en tribune des lecteurs, sommes peut-être visés par notre manque d’audace),
– le silence des députés, surtout s’ils se disent catholiques : on peut penser à Mme Parmentier, député RN du Pas-de-Calais, ancienne éditorialiste du journal “Présent”, ancienne secrétaire particulière de Jean Madiran…
– le silence du Magistère sur ce que représente la “constitutionnalisation de l’avortement” (et oui, il faut faire du droit, pas seulement de la théologie morale).
Une veritable “défaite de la pensée” comme dirait cet agnostique A. Finkielkraut, dont on sait qu’il est défavorable à la liberté de l’avortement.
Devant une telle débâcle, que faire ?
Sûrement pas des “marches blanches” même déguisées en “veillées pour la vie”, parce qui si nous ne nous formons pas à une participation visible au débat politique, (surtout si nous ne nous référons pas au Magistère), nous assisterons à une sorte “d’enfer sur la terre” comme ce fut déjà le cas après la révolution d’octobre en Russie.
On aura beau prier (certes il faut prier), cela n’empêchera pas cet enfer QUE NOUS AURIONS PU EVITER SI NOUS AVIONS SU ANTICIPER SUR ces évolutions idéologiques qui se sont imposées dans la société en vue de la détruire dans ses fondements.
Appuyons cette dernière chance….
v. l’article publié dans “Boulevard Voltaire” :
https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue-contre-la-constitutionnalisation-de-lavortement-le-dernier-carre/
Prions sans doute, mais soyons lucides sur nos manquements à agir avec intelligence et volonté. Convertissons nous pour de bon, AUJOURD’HUI (pas seulement pendant le temps du Carême).
La loi de 1975 sur l’avortement est passée avec le silence des évêques de France (à l’époque Marty et Etchégaray dirigeaient l’Eglise de France).
La dame qui a fait voter la loi en 1975 (je ne cite pas son nom) l’a reconnu : si les évêques de France de l’époque s’y étaient opposés la loi ne serait pas passée.
Honte à ces évêques modernistes qui restent silencieux sur l’avortement.
C’est un peu léger de dire que tout se fait, tout passe à cause de l’Église: il faut quand même s’imaginer – faisons-le – qu’en 1975, la société française était dans un tel marasme depuis les années 1960 que les “choses” sociétales et bioéthiques pointaient leur nez… Une partie des élites avait pris fait et cause pour la “nouvelle morale”. Aspect révélateur: la loi Veil est passée à cause de la gauche – c’est vrai à l’Assemblée nationale -, mais aussi grâce au Sénat, où il y eut moins de résistance, dans une assemblée pourtant “conservatrice”. Il y avait déjà dans les années 1970 un effondrement de la foi et de la morale, et l’Église de France, qui avait encore quelques “miettes” de son pouvoir, n’avait plus d’influence pour contrecarrer quoi que ce soit.
Monsieur,
A-t-on aussi entendu les prieurs des différents prieurés de la FSSPX parler en chaire et monter au créneau ? A-t-on constaté une campagne offensive de certains milieux demandant aux fidèles de prier, de se mobiliser, d’écrire aux élus de la Nation, etc. ? Des veillées de prières, des nuits d’adoration, etc. A-t-on aussi vu des fidèles interpeller leurs prieurs, leurs prêtres, etc. pour qu’ils se mobilisent ? Vous l’avez peut-être fait, ce qui vous honore. Peut-être que ces mobilisations nous ont échappés.
Peut-être, enfin, aussi eût-il été nécessaire d’écrire à tous les parlementaires – et non à un seul, comme vous le laissez supposer. La balle pourrait être renvoyée à n’importe qui. Il y avait bien des leviers d’action, dont certains n’étaient pas du ressort de l’Église de France pour laquelle il est difficile d’affirmer au regard de sa situation, de son poids et de sa perception par l’opinion et ailleurs qu’elle constitue la principale force mobilisatrice du pays.