Dans sa dernière lettre aux membres de la Confraternité Saint-Pierre, l’abbé Hubert Bizard, FSSP, évoque le Carême qui approche et la nécessité pour tout catholique d’en faire un temps de combat.
Chers membres de la Confraternité,
Nous arrive-t-il d’être troublés ou découragés ?
Oui sans aucun doute. Comme les disciples du Seigneur quand la barque où ils se trouvaient était ballotée par les flots déchainés.
Et pourtant, aujourd’hui comme hier le Seigneur nous redit : “dans le monde, vous aurez à souffrir, mais confiance, j’ai vaincu le monde !”
Le Carême qui va commencer dans quelques jours est à l’image de notre vie : un temps de combat ; combat contre le monde et ses tentations, et surtout combat contre nos défauts. Et au terme de ce combat extérieur et intérieur, la victoire du Christ sera nôtre ; si et seulement si nous lui donnons la première place dans notre coeur.
La Providence m’a permis de trouver il y a quelques jours un très beau texte (tiré d’une conférence) du Cardinal Journet (1975+) que je me permets de vous livrer à la veille du carême.
Il ne faut pas perdre l’élan intérieur de la confiance et de la foi dans un monde qui apostasie. D’une certaine manière, cela doit donner encore plus de valeur à l’élan de foi que chacun de nous peut faire. Je reçois tellement d’appels de gens qui sont désemparés par tout ce qu’ils lisent dans la presse. Et la réponse que je leur fais toujours est : -vous voyez, il n’y a qu’une chose qui dépende de vous : c’est votre attitude intérieure. Votre âme, si vous la tenez dans la lumière de Dieu, vous êtes une pierre vivante de l’Eglise ; la transformation de l’Eglise que vous pouvez faire, elle est dans votre coeur. Si chacun de nous est une petite pierre de lumière dans le monde actuel, la cité de Jérusalem se construit déjà à l’intérieur de votre coeur ; du petit milieu immédiat dans lequel vous pouvez avoir une influence, il y a comme un rayon qui part. Alors vous restez là, je ne dis pas sans souffrance -oh non !, oh non !, c’est impossible quand on aime Dieu de ne pas souffrir de voir l’état actuel du monde-, mais vous restez dans la paix, une paix profonde, une paix qui est une adoration et qui est une réponse faite à Dieu aux négations que lui oppose le monde. Vous avez dit “oui” dans votre coeur ; ce “oui” vous a peut-être coûté beaucoup d’arrachements, de déchirements, et puis vous avez essayé d’être fidèle pendant des années peut-être. Vous avez essayé d’être fidèle, oh ! Non pas sans misères, mais le “oui” que vous lui avez dit, vous ne l’avez pas retiré, eh bien ! C’est grand cela, c’est grand. Et les anges du ciel qui voient le monde tel qu’il est, ils ne voient pas seulement ce que dit la grande presse et les moyens de communications qui s’en vont tous vers l’agenouillement devant le monde, ils voient quelque chose de plus mystérieux, de plus profond. Il faut garder la paix, vous voyez. Le danger ce serait, quand on est désemparé, de devenir amer, de vouloir bousculer les gens autour de soi pour qu’ils agissent, que quelqu’un intervienne. Pour ce qui est de chacun de nous, l’attitude à prendre, elle est toute proche.
Travaillons donc chacun en ce début de carême, à notre petite mesure, à faire de nos âmes de véritables royaumes de Dieu. A faire de nos familles des familles authentiquement chrétiennes où règne la charité ; et où soit donnée une éducation conforme à la belle loi de l’évangile.
Vos prêtres s’efforcent de faire de nos églises et de nos chapelles des pôles de foi et des lieux d’adoration ; des refuges où l’on puisse venir se reposer et se ressourcer ; des “maisons de Dieu” où trouver nourriture et remède pour nos âmes souvent affamées et malades. Encore faut-il ensuite prendre le temps de venir y chercher ce que Dieu veut nous y donner pour nous accompagner dans notre pèlerinage sur terre : la grâce si forte et si douce des sacrements et des sacramentaux.
Dans les temps troublés et difficiles, il est absolument nécessaire de prendre les forces dont nous avons besoin. Sans quoi nous défaillirons en chemin.
Profitons du Carême pour développer cette vie intérieure qui doit être notre grande priorité sur terre (à quoi sert-il de gagner le monde si j’en viens à perdre mon âme ?).
Si le Carême est un temps de pénitence, il est aussi et peut-être même surtout un temps favorable pour nous éloigner de l’esprit du monde, afin de nous rapprocher de celui qui est notre vrai Roi.
Laissons un peu de côté nos écrans et nos mondanités.
Laissons un peu de côté également l’arrogance et l’amertume qui peuvent être les nôtres.
Et rendons-nous dans nos églises où le Seigneur nous attend. Pour nous transformer. Pour nous donner la paix intérieure. Sa paix.