Jésus nous donne pour mission d’être la lumière du monde : « Vous êtes la lumière du monde… Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mat. 5, 14 et 16). Tout chrétien porte cette responsabilité.
Etre lumière permet d’éclairer le chemin. Pour soi, d’abord. La route de notre vie comporte de nombreuses obscurités. Mais, au plus intime de nous-mêmes, Dieu apporte sa lumière pour montrer ce qui est conforme à sa volonté et sa force pour le réaliser effectivement.
Quand Jésus parle des « œuvres bonnes », il juge objectivement de ce que nous sommes censés faire. La bonté de nos œuvres n’est donc pas d’abord subjective et personnelle. La conscience chrétienne prononce ce jugement vrai sur nos actions, parce qu’elle dépend de la manière dont le Verbe incarné en juge.
C’est sans doute un des drames du catholicisme contemporain : prôner une indépendance pratique du jugement de la conscience de sorte que le lien avec le jugement du Christ se trouverait rompu. L’œuvre est bonne, parce que je la crois telle. C’est ce jugement personnel qui lui donne sa bonté intrinsèque. Or rien n’est moins sûr.
Certes, la norme immédiate de la moralité d’un acte est ce que chacun en juge en conscience au moment de le poser. Mais ce principe n’est valable qu’à la condition d’avoir une conscience droite et éclairée. Il ne vaut plus si le jugement est plus ou moins tordu. Car l’homme a la capacité de déformer volontairement son jugement pour le faire correspondre, non à celui de Jésus-Christ, mais à ses propres aspirations, passions ou intérêts, au détriment d’autrui. Alors le jugement est faussé et l’œuvre n’est pas de Dieu.
Jésus nous avertit de cet écueil : « vois donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres ! » (Luc 11, 35), car « si la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! » (Mat. 6, 23). L’homme qui vit dans l’illusion d’une conscience faussée, n’ayant pas la lumière en lui, n’est plus une lumière pour le monde.
Etre cette lumière est une grâce de Dieu qui s’obtient par la prière. Demandons d’être préservé de toute duplicité et confusion d’âme afin d’agir, quoi qu’il en coûte, selon les normes d’une conscience éclairée par les lumières du Saint-Esprit. Ce n’est pas mal juger que juger avec justice, selon la vérité des choses. C’est même indispensable pour exercer judicieusement la miséricorde dans le ministère.
Abbé Hervé Mercury