Dans le dernier numéro de l’Appel de Chartres, l’abbé Jean de Massia, aumônier de Notre-Dame de Chrétienté, évoque le thème du prochain Pèlerinage de Pentecôte vers Chartres :
Chers pèlerins,
Le thème de notre prochain pèlerinage de Pentecôte sera « Je veux voir Dieu », et nous invitera à réfléchir sur les Fins dernières : sujet d’actualité en ce mois de novembre, consacré à la prière pour nos défunts.
Le pape Pie XII écrivait en 1949 ces paroles d’une grande actualité : « La prédication des fins dernières non seulement n’a rien perdu en nos jours de son opportunité, mais elle est même devenue plus que jamais nécessaire et urgente. Même la prédication sur l’enfer. Sans doute, il faut traiter ce sujet avec dignité et sagesse. Mais quant à la substance de cette vérité, l’Église a devant Dieu et devant les hommes le devoir sacré de l’annoncer, de l’enseigner, sans aucune atténuation, telle que le Christ l’a révélée. »
Selon Guillaume Cuchet [1], l’un des symptômes majeurs de la déchristianisation de la France est l’abandon, en 1965, de la prédication sur les fins dernières. Dans une société rongée par l’athéisme et le matérialisme, la doctrine de l’Eglise sur la mort, le Ciel et l’Enfer ne passe plus. Et dans le désir de se rapprocher du monde et de ses priorités, de nombreux prédicateurs ont préférés taire ces sujets. En 1966, répondant à un sondage du cardinal Ottaviani, les évêques de France le reconnaissent : « Le péché originel, ainsi que les fins dernières et le jugement, sont des points de la foi catholique dont la présentation aux fidèles fait difficulté à beaucoup de prêtres : on se tait, faute de savoir comment parler [2] ».
Il s’agit donc pour nous de revenir à la mission de l’évangile : enseigner la Vérité de Jésus-Christ. La plus grande des charités est de dire la vérité et d’annoncer Jésus-Christ, et tout Jésus-Christ, à contre-courant de la confusion doctrinale qui sévit durement et qui perd les âmes. Aussi il nous faut parler des fins dernières, non pas pour pratiquer une pastorale de la peur, mais une pastorale de la vérité.
La fin dernière n’est pas le dernier mot, le baisser de rideau : la fin, en christianisme, c’est le bien absolu, c’est ce qui attire, séduit, oriente tout. La fin dernière, c’est Dieu, et il s’agit simplement de ne pas la manquer : c’est ce qui donne tout son enjeu, son importance dramatique mais aussi sa beauté à la vie humaine. Nous sommes des pèlerins, c’est-à-dire en latin des étrangers (peregrinus) : notre patrie se trouve dans les cieux, et la vie de la terre consiste à organiser le grand retour chez nous. Rien n’est plus important à la chrétienté que ce regard sur les fins dernières, car seule la pensée de la vie éternelle donne du sens, de l’épaisseur à nos combats terrestres, à nos travaux, à nos œuvres. « Si nous voulons embellir la terre ce n’est pas pour remplacer le Ciel, c’est pour lui servir d’escabeau. », disait Dom Gérard.
Je vous donne rendez-vous les 18, 19 et 20 mai sur les routes de Chartres pour méditer sur les fins dernières, et je vous encourage dès maintenant à vous former sur ce thème, à l’aide de la petite biographie que vous trouverez à la fin de cet Appel de Chartres !
[1] Cf. Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien, Ch. 6 : « La fin du salut ? La crise de la prédication des “fins dernières” »
[2] Réponse de la Conférence épiscopale française à la lettre circulaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi», DC 1488, 1967, col. 334, cité par Guillaume Cuchet, op. cit., p. 244.