La déchristianisation avancée qui touche de plein fouet le Canada francophone a fini par justifier que les évêchés québecois réduisent franchement la voilure. Ainsi, comme l’indique le média catholique francophone canadien Présence Info, 20 employés de l’archevêché de Montréal ont été “mis à pied à caractère conservatoire”, dans l’attente probable de leur licenciement.
“En fin de journée vendredi, l’évêque auxiliaire et le vicaire général ont acheminé à tous les prêtres et les agents de pastorale de l’archidiocèse de Montréal un long communiqué.
«C’est avec le cœur lourd que nous vous informons d’une importante et difficile décision qui a été prise ces jours-ci par notre archevêque, sur le conseil de ses proches collaborateurs. Nous sommes contraints de mettre à pied temporairement certains de nos précieux employés», indique-t-on avant d’ajouter que «les mises à pied temporaires touchent une vingtaine d’employés et entreront en vigueur ce vendredi 3 novembre en fin de journée». La lettre confirme aussi que «ces personnes ont été avisées ce matin» même. Les deux signataires, membres du Bureau de la coordination générale de l’archidiocèse», prévoient que «cette situation durera au moins cinq mois. Nous tenons à ce que vous sachiez que ces employés sont des membres dévoués de notre équipe et que nous apprécions profondément leur contribution»
Personne n’assume ce plan social qui ne dit pas son nom
Evidemment, personne n’assume : les employés mis à pied ont été réunis à part des autres, et la presse n’a pas eu plus de détail : “la liste des 20 personnes mises à pied n’a pas été rendue publique. Lorsque Présence a communiqué lundi avec Erika Jacinto, la directrice des communications de l’archidiocèse, pour en savoir davantage, un message courriel a aussitôt été reçu. «Je ne suis plus dans le diocèse», a répondu automatiquement la messagerie électronique. Une source, qui n’est pas autorisée à parler aux médias, avance que c’est l’Office de l’éducation à la foi, le département diocésain qui s’occupe de la catéchèse et du catéchuménat, qui aurait écopé des plus importantes réductions. «C’est maintenant une zone sinistrée», estime cette source“.
Le rédacteur en chef du portail internet de vulgarisation biblique InterBible a décrit ce processus à ses lecteurs et collègues – il fait partie des agents mis à pied :
“Dans une note qu’il vient d’acheminer aux abonnés d’interBible.org et qu’il a ensuite déposée en ligne, Sylvain Campeau, responsable de la rédaction du site de vulgarisation biblique depuis 2018, explique qu’il fait partie des employés qui ont reçu une mise à pied temporaire le vendredi 3 novembre 2023.
Ce jour-là, raconte-t-il, il a été convoqué à une réunion dans les locaux de l’archevêché de Montréal, rue Sherbrooke Ouest.
«Personne ne connaissait l’objet de cette rencontre mais les rumeurs couraient dans les corridors qu’on allait procéder à plusieurs mises à pied.»
À leur arrivée, les employés ont été répartis en deux groupes, «comme les brebis et les boucs du texte évangélique».
«L’image peut paraître curieuse ou inappropriée, reconnaît le bibliste Sylvain Campeau, mais elle exprime bien ce que j’ai ressenti au moment précis où je suis entré dans la salle avec deux autres collègues du même service diocésain.»
Sylvain Campeau faisait partie des salariés de l’Office d’éducation de la foi, un secteur durement touché par les restrictions budgétaires annoncées vendredi. Webmestre du site interBible.org depuis son lancement en 1999, il s’est aussi fait connaître comme développeur de sites Web et comme agent de communications auprès d’institutions religieuses. C’est depuis 2018 qu’il occupait le poste de responsable de la rédaction du portail biblique.
Le bibliste de formation précise qu’à cette rencontre de vendredi, il fut question de la situation financière difficile que traverse l’archidiocèse de Montréal. Si les autorités sont contraintes de «réduire considérablement la masse salariale», c’est parce qu’elles veulent éviter la faillite de l’archidiocèse, révèle-t-il dans sa note aux lecteurs et lectrices d’interBible.org.
«On nous a aussi expliqué qu’on allait remettre à la vingtaine de personnes dans la salle une lettre de mise à pied temporaire», ajoute Sylvain Campeau.
Le terme «temporaire» lui paraît mal choisi puisqu’on s’est empressé de recommander aux personnes mises à pied le jour même «de ne pas hésiter à saisir les opportunités d’emploi qui s’offriraient à [elles]».